Elsapostrophe

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đŸŒ» Livrovore enluminĂ©e 📚🎇 BibliothĂ©caire, en transformation libraire ✹ IsĂšre / GrĂ©sivaudan

25/06/2023

Vague de froid – Jean Cremers – 2023
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Quoi de mieux qu’une vague de froid en ce chaud dĂ©but d’étĂ© ?

Jules et son frĂšre Martin sont en route pour la NorvĂšge afin de gravir le Preikestolen. Jules, le plus jeune, encore Ă©tudiant en Ă©cole d’Art y voit l’occasion de s’entraĂźner Ă  ses croquis. Martin, plus taciturne, part pour un voyage initiatique en pleine nature, cherchant Ă  se rapprocher des dieux nordiques aprĂšs un drame dont il a souffert mais que l’auteur ne dĂ©voilera qu’au fil du rĂ©cit. Alors que Jules essaie de renouer en dialoguant avec son frĂšre, Martin se terre sa mauvaise humeur et son silence. Le huis-clos du road trip et les quelques rencontres qu’ils vont faire vont les aider Ă  cheminer sur leurs vies, leur famille et les liens qui les unissent (entre eux et aux autres), perçant doucement la carapace de Martin


InspirĂ© d’un vĂ©ritable voyage qu’il a fait avec son frĂšre en NorvĂšge, l’auteur Jules Cremers nous livre lĂ  sa premiĂšre bande-dessinĂ©e. Les illustrations de la nature et des grands espaces, dans les tons froids, permettent une sorte de respiration au cƓur de ce rĂ©cit finement construit. C’est une histoire sur les non-dits, le deuil, la colĂšre mais Ă©galement sur les croyances et ce Ă  quoi on tente de se rattacher pour continuer Ă  vivre, malgrĂ© tout..

Un histoire intéressante et un auteur à suivre.

25/06/2023

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Et ĂȘtre en admiration sur les fleurs composĂ©es de multiples petites fleurs..

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Photos from Elsapostrophe's post 18/06/2023

Hilda et la princesse – Eva Rust – 2019
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J’aime les albums jeunesse qui sortent des chemins tracĂ©s et de l’ordinaire et c’est le cas de Hilda et la princesse d’Eva Rust, publiĂ© aux Ă©ditions Cambourakis.

C’est l’histoire d’Hilda, une sorciĂšre, qui vit au beau milieu d’une forĂȘt avec son bĂ©lier de compagnie. Leur vie est douce, ils se baignent dans la boue, prennent le petit dĂšj' au lit en mangeant frites et pizzas.
Un jour, Hilda s’aperçoit que la tour voisine est occupĂ©e. A l’intĂ©rieur de celle-ci, une princesse est venue s’installer suite Ă  une malĂ©diction et attend qu’un prince vienne la dĂ©livrer. Mais depuis qu’Hilda habite la forĂȘt, elle se charge de chasser quiconque pĂ©nĂštre sur ses terres, ce n’est donc pas demain la veille qu’un prince pourra arriver jusqu’à la tour. La princesse passe ainsi de nombreux jours Ă  attendre son prince en chantonnant d’horribles chansons qui exaspĂšrent Hilda. Un jour, Hilda n’en peut plus et fait sauter tous les verrous de la tour, libĂ©rant la princesse et la suppliant de rentrer chez elle. Toujours victime de sa malĂ©diction, la princesse montre Ă  Hilda ses jambes, remplacĂ©es par une queue de poisson. Hilda - qui trouve qu’avoir une queue de poisson c'est trop cool - propose de lui crĂ©er un philtre pour lui redonner forme humaine.
Mais le philtre est long Ă  fabriquer et durant tout ce temps Hilda et la princesse se rapprochent et n’ont plus du tout envie de se sĂ©parer


VoilĂ  une rĂ©Ă©criture des contes de fĂ©es drĂŽlement rafraĂźchissante et que j’apprĂ©cie beaucoup ! On pĂšte les clichĂ©s et on propose de nouveaux rĂ©cits dans lesquels par exemple la princesse ne finit pas mariĂ©e avec un prince charmant qui l’a dĂ©livrĂ©e, il Ă©tait temps !

Si vous avez des exemples d’albums jeunesse qui cassent les stĂ©rĂ©otypes, n’hĂ©sitez pas Ă  m’en donner les titres en commentaires, merci đŸ€—.

04/06/2023

No Limit – Luke Healy – 2023

Ayant beaucoup aimĂ© Americana, j’avais hĂąte de lire la nouvelle BD de Luke Healy. Dans cette derniĂšre il n’est plus question de son expĂ©rience personnelle ; L. Healy nous propose une histoire faite de trois rĂ©cits qui s’entremĂȘlent, chacun avec une couleur de l’aurore borĂ©ale dessinĂ©e en couverture. Les deux premiers sont inspirĂ©s de faits rĂ©els tandis que le troisiĂšme est pure fiction.

- En jaune, Alaska 1913, Ă  bord du Karluk, V. Stefansson embarque avec un Ă©quipage ainsi qu’une Ă©quipe de scientifiques pour ce qu’il appelle « la plus grande expĂ©dition arctique de tous les temps » en direction du pĂŽle nord pour trouver de nouveaux territoires. Il se fait t**d dans la saison et le bateau finit par se retrouver prisonnier des glaces. Pour ne pas rester coincĂ©es jusqu’au printemps, plusieurs Ă©quipes se forment et partent chacune Ă  pieds d’un cĂŽtĂ© de la banquise...
- En rouge, Alaska 1921. Ada Blackjack, une eskimo qui a besoin d’argent pour soigner son fils, se voit proposer un emploi de couturiĂšre durant une expĂ©dition d’un an sur le bateau de Fred Maurer en direction de l’üle Wrangel. Maurer, le capitaine, a Ă©tĂ© naufragĂ© sur cette Ăźle sept ans plus tĂŽt dans l’équipage de Stefansson et une fois sur place les rudes conditions de vie ont raison des nerfs d’Ada.
- En vert, New Hampshire, 2013. Sully, professeur d’universitĂ© est placĂ© en congĂ© sabbatique d’un an par sa hiĂ©rarchie suite Ă  des « inconduites ». En regroupant ses affaires, il trouve dans son bureau la plaque d’un certain V. Stefansson et va se rendre Ă  la bibliothĂšque pour faire des recherches sur son prĂ©dĂ©cesseur. Cela va occuper quelque peu sa vie morne : Sully sort avec un de ses Ă©tudiants qui le dĂ©nigre totalement et n’a pas vraiment d’amis ni d’occupations.

Si je devais rĂ©sumer cette BD en une phrase ce serait : c’est l’histoire de gens qui se lancent dans des aventures qui vont forcement partir en vrille et mal se terminer.

L’éditeur prĂ©sente No Limit comme une histoire qui « interroge le besoin de l’Homme de repousser toujours plus loin ses limites, parfois au prix de sa vie. Pourquoi une telle prise de risque ? Quelles sont les motivations profondes de nos choix et dĂ©cisions ? ». Mais malheureusement je n’ai pas perçu le questionnement ni entrevu de rĂ©ponse au fil de cette BD. Par contre la « mise en scĂšne de trois fiascos » pour le coup, ça c’est bon !
Dans le rĂ©cit des expĂ©ditions tirĂ©es de faits rĂ©els, j’aurais aimĂ© comprendre plus clairement l’idĂ©e de ces derniĂšres, les motivations de ces hommes qui partent au risque de se retrouver ensuite piĂ©gĂ©s par la nature et les conditions extrĂȘmes. Enfin, je ne comprends pas vraiment pourquoi Luke Healy a choisi d’entrecroiser spĂ©cifiquement ces trois rĂ©cits. Ils se font Ă©chos mais pour moi il manque quelque chose pour que le fil rouge rende l’ensemble solide.
J’ai par contre beaucoup aimĂ© le jeu des couleurs avec une couleur dominante pour chacun des rĂ©cits, ce qui permet de passer de l’un Ă  l’autre sans se perdre.

Si pour moi la lecture de ces rĂ©cits d’échecs fut un Ă©chec, je vous encourage Ă  vous faire votre propre avis.

30/04/2023

Pax et le petit soldat, Sara Pennypacker, 2017
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Prix SorciĂšres 2018 (prix qui rĂ©compense des Ɠuvres de la littĂ©rature jeunesse), ce roman est un de mes coups de cƓur de lecture de cette annĂ©e 2023.

C’est l’histoire de Pax, un renard et de Peter, son garçon. Peter a 7 ans lorsque sa mĂšre dĂ©cĂšde. Peu aprĂšs il trouve Pax, seul renardeau survivant d’une portĂ©e, au fond d’un terrier. Il dĂ©cide de le garder et de l’élever comme son animal de compagnie.
Cinq ans plus t**d, la guerre fait rage et le pĂšre de Peter s’engage. Alors que Peter doit aller vivre chez son grand-pĂšre, son pĂšre estime que ce dernier est trop vieux et trop bougon pour supporter un animal. Il contraint donc Peter d’abandonner Pax dans la forĂȘt. Mais Pax n’a jamais vĂ©cu Ă  l’état sauvage et encore moins hors de la maison et le garçon regrette immĂ©diatement ce geste. Une fois chez son grand-pĂšre, Ă  des centaines de kilomĂštres de son renard, Peter dĂ©cide de partir Ă  pied le rĂ©cupĂ©rer. C’est une grande aventure qui commence, Ă  la fois pour Peter mais aussi pour Pax


Je ne le rĂ©pĂ©terai jamais assez mais les romans jeunesse ne s’adressent pas qu’aux enfants (ou ados) et j’ai eu grand plaisir Ă  partager les vies de Peter et de Pax durant cette lecture. Les chapitres alternent entre ces deux personnages et beaucoup de rĂ©flexions sont menĂ©es sur le lien entre les humains et les animaux.
Les thĂ©matiques de la guerre, de l’amitiĂ© mais Ă©galement de la violence au sein de la famille sont amenĂ©es avec habiletĂ© tout au long du rĂ©cit.

Une histoire trĂšs Ă©mouvante Ă  recommander aux jeunes et aux moins jeunes.

🩊

27/03/2023

La longue marche des dindes – LĂ©onie Bischoff – 2022
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Missouri, 1860. ConsidĂ©rĂ© par tous comme un benĂȘt, Simon se voit offrir son diplĂŽme par son institutrice qui lui demande de bien vouloir renoncer Ă  l’école et l’encourage Ă  aller voir le monde.
Dans sa rĂ©gion les dindes ne valent rien tellement elles sont nombreuses. Elles peuvent cependant rapporter gros si on parvient Ă  les vendre Ă  Denver oĂč les gens ont faim. Mais cela prend des mois de parcourir Ă  pieds les 1000 km jusque lĂ  bas. Pourtant Simon est sĂ»r que lĂ  se trouve son destin. Il recrute un muletier et ils partent convoyant les volatiles pour un pĂ©riple extraordinaire au cours duquel ils feront de nombreuses rencontres, pas toujours bienveillantes. Ces rencontres seront l’occasion d’aborder des thĂ©matiques propres aux États-Unis du XIXe : esclavagisme, racisme, pauvretĂ©, peuples indigĂšnes, etc.

Je n’ai pas lu le roman original de Kathleen Karr dont est tirĂ© ce rĂ©cit mais je n’ai pas ressenti de manque comme sur certaines adaptations oĂč l’on peut perdre la profondeur du rĂ©cit.
Cette histoire n’est pas joyeuse mais transmet des valeurs de tolĂ©rance, de bontĂ© et de dĂ©termination. Elle montre surtout que les benĂȘts ne sont finalement pas ceux que l’on imagine...

Ne cherchez pas Ă  retrouver les aquarelles colorĂ©es qui ont fait le succĂšs de la prĂ©cĂ©dente BD de LĂ©onie Bischoff - AnaĂŻs Ninn - car son style graphique s’exprime ici diffĂ©remment ; le dessin tendre et expressif rend la lecture particuliĂšrement agrĂ©able.

Une chouette lecture que cette BD qui a obtenu le prix jeunesse au festival d’AngoulĂȘme cette annĂ©e.

19/03/2023

La Treiziùme Heure – Emmanuelle Bayamack-Tam – 2022
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Je sors partagĂ©e de la lecture de ce roman. C’est ma premiĂšre lecture d’Emmanuelle Bayamack-Tam, j'ai apprĂ©ciĂ© sa prose littĂ©raire et crue Ă  la fois, sachant transmettre les sentiments de ses protagonistes mais en mĂȘme temps j’ai l’intuition de ne pas avoir lu l’un de ses meilleurs romans. Mes futures lectures de ses Ă©crits me diront si je voyais juste (Arcadie figurant dans ma PAL).

La TreiziĂšme Heure est un roman choral qui donne la parole Ă  trois personnages.D’abord Farah, jeune adolescente, dont le pĂšre Lenny a crĂ©Ă© l’Église de la TreiziĂšme heure. Église Ă  la fois libre, tolĂ©rante et q***r, qui se donne pour principe de montrer qu’un nouveau monde est possible. RenfrognĂ©e comme une ado et Ă  la fois si mature, Farah a grandit au sein de ce microcosme communautaire fait de poĂšmes de Nerval et d’illuminĂ©s cherchant un remĂšde Ă  leur souffrance. Du haut de ses 16 ans, Farah se pose beaucoup de questions : pourquoi sa mĂšre est-elle partie sans laisser d’adresse juste aprĂšs sa naissance ? Pourquoi son appareil gĂ©nital ne correspond-il pas aux normes sexuĂ©es "habituelles" ? Autant de questions sur lesquelles son pĂšre reste totalement Ă©vasif

Ce flou dans lequel Farah tente de se construire nous apparaßt de plus en plus net au fil des pages grùce à la deuxiÚme partie du récit donnant la parole à Lenny au sujet de sa rencontre avec Hind, la mÚre de Farah.
Hind l’incandescente, qui refait surface Ă  l’Église de la TreiziĂšme heure dix-sept ans aprĂšs la naissance de sa fille et Ă  laquelle la troisiĂšme partie du roman donne la parole. Entre souvenirs d’une enfance algĂ©roise et violent rapport au corps, Hind est le personnage du roman le plus dĂ©taillĂ©, Ă  la fois excentrique et inconstant, complĂštement trans...gressif.

Un récit surprenant malgré quelques longueurs.

Vous l'avez lu ? Qu'en avez vous pensé ? Avez vous lu Arcadie ?

***r

27/02/2023

Pleine et douce – Camille Froideveaux-Metterie – 2023

Elles s’appellent Lola, Manon, Laurence, Lucie, StĂ©phanie, Corinne, Jamila, Colette, Nicole, Eve, Charline et Kenza. Elles se connaissent et vont toutes se retrouver un dimanche autour du buffet prĂ©vu par StĂ©phanie pour fĂȘter la naissance de sa fille Eve.

Chaque chapitre donne la parole Ă  une de ces femmes. Chacune avec son Ăąge, son vĂ©cu, ses expĂ©riences, aussi intimes qu’universelles.

Camille Froideveaux-Metterie, philosophe et fĂ©ministe renommĂ©e que j’aime beaucoup aborde avec ce premier roman de nombreuses thĂ©matiques dont on parle encore trop peu dans la fiction : la procrĂ©ation solo, l’ñgisme, le cancer ou la non-maternitĂ©. Autant de thĂšmes qui touchent de prĂšs ou de loin le corps des femmes.

Ces femmes pourraient ĂȘtre vos sƓurs, vos cousines, vos filles, vos mĂšres, comme elles le sont dans ce rĂ©cit, alors Ă©coutez leurs voix, plongez dans leurs intimitĂ©s et prĂȘtez l’oreille aux messages importants dont leurs histoires tĂ©moignent.

Une seule dĂ©ception pour moi : que chaque chapitre soit si court. J’aurais aimĂ© rester plus longtemps avec chacune d’elles !

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froidevauxmetterie

19/02/2023

Les Carnets de l’Apothicaire – Itsuki Nanao & Nekokurage – depuis 2021 en France

VoilĂ  une sĂ©rie de mangas que j’aime beaucoup.

Mao Mao a 17 ans et a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e par un pĂšre adoptif et aimant au sein du quartier des plaisirs oĂč il est apothicaire. EnlevĂ©e par des ravisseurs, elle est vendue comme servante au palais impĂ©rial. Elle dĂ©cide de faire profil bas mais lorsque plusieurs nouveaux-nĂ©s dĂ©cĂšdent elle ne peut s’empĂȘcher de prĂ©venir ses supĂ©rieurs de la cause de l’empoisonnement. Elle est rapidement repĂ©rĂ©e et mutĂ©e auprĂšs des concubines favorites de l’empereur pour ses talents Ă  dĂ©tecter les poisons et sa passion pour les remĂšdes. Dans un lieu oĂč la concurrence pour devenir impĂ©ratrice fait rage, Mao Mao a en charge de goĂ»ter les plats et de mener l’enquĂȘte en cas de tentative d’empoisonnement

Mao Mao est une jeune fille douce et docile mais lorsqu’il est question de pharmacopĂ©e (surtout de poisons) sa passion peut virer Ă  l’obsession, c’est ce qui donne une touche d’humour Ă  ce manga. La sĂ©rie offre Ă  chaque nouveau tome des enquĂȘtes Ă  mener et des intrigues Ă  dĂ©couvrir au sein du palais impĂ©rial. Les hĂ©ros sont attachants et le dĂ©paysement culturel au sein de ce japon d'autrefois est garanti.

A l’origine Les carnets de l’apothicaire est une sĂ©rie de light novel (roman illustrĂ© populaire) Ă©crit par Natsu Hyuuga qui a Ă©tĂ© adaptĂ©e en manga. Il existe actuellement 10 tomes pour cette sĂ©rie.

13/02/2023

Demain les ombres – NoĂ«lle Michel – 2023

Des Ă©quipes de recherche ont rĂ©ussi Ă  isoler le gĂ©nome des nĂ©andertaliens – ces lointains ancĂȘtres dont l’espĂšce s’est Ă©teinte il y a 30 000 ans – et ont dĂ©cidĂ© d’en faire naĂźtre des bĂ©bĂ©s afin de les Ă©tudier. Eva, l’une des protagonistes de ce rĂ©cit choral est une chercheuse embauchĂ©e au dĂ©marrage de ce projet qui va Ă©voluer jusqu’à placer ces enfants dans un parc naturel, Ă  les Ă©duquer au sujet d’imaginaires ancĂȘtres, et Ă  les laisser vivre dans la nature sous les yeux de camĂ©ras de surveillance. Projet scientifique mais Ă©galement commercial puisque les images ont pour vocation Ă  ĂȘtre diffusĂ©es Ă  la tĂ©lĂ©vision dans une Ă©mission de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ© appelĂ©e « NĂ©an Story ».
Lune Rousse, femme nĂ©an, est une autre protagoniste de ce rĂ©cit. Elle est nĂ©e dans le parc et y Ă©volue avec tout le savoir ancestral qu’on lui a transmis mais souffre qu’une « bĂȘte » que son clan ne parvient pas Ă  identifier ait enlevĂ© l’enfant et l’homme qu’elle aimait.
Adam, quant Ă  lui, est un jeune homme un peu perdu qui cherche Ă  fuir la violence d’un pĂšre qui se dĂ©chaĂźne sur son frĂšre handicapĂ©. Il candidate Ă  NĂ©an Story dans l’espoir de gagner assez d’argent pour permettre Ă  son frĂšre d’accĂ©der Ă  un centre spĂ©cialisĂ©. Il est recrutĂ© comme acteur et va, avec trois autres comĂ©diens, faire irruption chez les nĂ©ans afin de booster l’Audimat en se faisant passer pour une tribu sapiens rencontrant les nĂ©andertaliens.
Eva voulait travailler sur un projet Ă©thique, Adam devait sĂ©duire Luciole, la fille de Lune Rousse, mais rien ne va se passer comme ils l’imaginaient


Recréant la fameuse rencontre entre néandertaliens et sapiens qui a véritablement eu lieu il y a 660 000 ans, Noëlle Michel nous offre une dystopie intéressante, aux airs de Truman Show, qui en dit long sur notre monde actuel.
Les personnages sont attachants et la plume de l’autrice est fluide et dĂ©licate. L’histoire m’a happĂ©e dĂšs les premiĂšres pages et les pĂ©ripĂ©ties qui s’enchaĂźnent rythment le rĂ©cit jusqu’à la fin.
Un roman que je recommande pour son imaginaire qui vous emporte et surtout soulùve de nombreuses questions sur les humains que nous sommes aujourd’hui.

Photos from Elsapostrophe's post 06/02/2023

Ama : Le souffle des femmes – F. Manguin & C. Becq – 2020

EtĂ© 1962, Nagisa, jeune tokyoĂŻte, arrive sur l’üle d’Hegura, dans la mer du Japon, pour rencontrer sa tante IsoĂ© et vivre quelques temps Ă  ses cĂŽtĂ©s. Peaux tannĂ©es par le soleil et caractĂšres bien trempĂ©s, sa tante et les femmes de cette Ăźle minuscule sont ce qu’on appelle des « ama ». Uniquement vĂȘtues d’un pagne, elles pratiquent et vivent d’une pĂȘche sous-marine traditionnelle en apnĂ©e, rĂ©cupĂ©rant dans les fonds marins des ormeaux ou des huĂźtres.
Il y a vingt ans de cela, la mĂšre de Nagisa Ă©tait la plus cĂ©lĂšbre ama de l’üle avant de disparaĂźtre du jour au lendemain sans donner de nouvelles. En apprenant ce mĂ©tier, Nagisa, jeune femme timide de la ville, va dĂ©couvrir la jeunesse de sa mĂšre et rĂ©parer les liens que cette derniĂšre a pu rompre avec l’üle et avec les autres femmes, notamment IsoĂ©.
C’est entre difficultĂ©s Ă©conomiques et poids des traditions que Nagisa, fuyant son passĂ©, va vivre une parenthĂšse de quelques annĂ©es, dans la paix de ce monde, Ă  l’écart de la modernitĂ© qui transforme alors le Japon.

Une bande dessinĂ©e avec comme seule couleur le bleu, dĂ©paysante, qui sent la mer et le sel. Un joli rĂ©cit de femmes fortes teintĂ© de nostalgie pour une Ă©poque qui s’éteint doucement.

.manguin

22/01/2023

Hors-la-loi – Anna North – 2022

1894, Ada devient une hors-la-loi.

Fille de sage-femme, Ada assiste sa mĂšre depuis quelques annĂ©es en vue de lui succĂ©der. A 17 ans, comme toutes les filles de son Ăąge, elle se marie. Seulement, les mois passent et elle ne tombe pas enceinte. Pour sauver sa peau elle couche avec un autre homme mais rien n’y fait, son ventre ne s’arrondit pas. A cette Ă©poque dans le village d’Ada (et partout ailleurs), une femme qui ne donne pas d’enfant Ă  son mari est considĂ©rĂ©e comme maudite. Celles que l’on appelle des « sorciĂšres » sont accusĂ©es de tous les maux du village : enfants morts-nĂ©s, malformations, stĂ©rilité  et sont en gĂ©nĂ©ral exĂ©cutĂ©es sur la place publique.
Pour lui Ă©viter la prison, la mĂšre d’Ada l’envoie au couvent oĂč entrer dans les ordres loin du monde apaise Ă©galement les rumeurs. Mais Ada ne veut pas de cette vie et s’enfuit, dĂ©terminĂ©e Ă  chercher une explication mĂ©dicale Ă  sa stĂ©rilitĂ© afin d’en trouver un remĂšde. Sur sa route elle croise un gang de hors-la-loi dirigĂ© par le Kid qui ne reprĂ©sente pas exactement ce qu’en disent les plus folles rumeurs. Dans ce groupe, en Ă©change de son savoir-faire en mĂ©decine et herboristerie, elle va apprendre la vie de bandit et de truand (le dictionnaire me dit que ces deux mots n’ont pas de forme fĂ©minine, tiens donc..).

De prime abord, les histoires de cowboys ne m’intĂ©ressent pas vraiment. C’est pour moi synonyme de racisme, violence et stĂ©rĂ©otypes masculinistes. Anna North rĂ©ussi de son agrĂ©able plume Ă  nous peindre un western intime et humain dans lequel il n’est question que de femmes. En dĂ©nonçant la violence de la condition fĂ©minine d’une Ă©poque, l’autrice nous embarque dans une belle histoire de sororitĂ© et de volontĂ© de justice.

09/01/2023

Cent ans de Laurelfield – Rebecca Makkai – 2021
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Depuis son premier roman, Chapardeuse, Rebecca Makkai fait partie des autrices que j’aime beaucoup. Ayant Ă©galement adorĂ© son 2e roman, Les Optimistes, je me suis hĂątĂ©e de lire sa derniĂšre parution. AprĂšs rĂ©flexion, je pense que le rĂ©sumĂ©, le titre et la couverture ne m’auraient pas vraiment donnĂ© envie d’ouvrir ce livre s’il avait Ă©tĂ© Ă©crit par quelqu’un d’autre.
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L’histoire, qui commence en 1999, raconte la vie de Zee et Doug, un couple d’universitaires. Parce qu’ils sont en galĂšre d’argent - Doug essaie depuis des annĂ©es d’avancer sa thĂšse sur un poĂšte peu reconnu - la mĂšre de Zee leur propose d’emmĂ©nager un temps dans la remise de la grande demeure familiale. Cette maison, qui appartient Ă  la famille de Zee depuis une centaine d’annĂ©es, possĂšde une grande histoire : elle a abritĂ© durant des dĂ©cennies une colonie d’artistes en rĂ©sidence et a accumulĂ© les secrets au fil du temps

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Cent ans de Laurelfield est un roman en 4 parties qui remonte progressivement dans le temps, de 1999 Ă  1900. J’ai trouvĂ© ce mode de narration astucieux car nous, lecteurs, Ă©voluons avec les personnages au prĂ©sent, ce qu’ils savent – ou pensent savoir – du passĂ© et comment ils interprĂštent certains documents qu’ils vont retrouver. Et au fil du rembobinage du rĂ©cit nous apprenons que les vĂ©ritĂ©s ne sont pas toujours celles que l’on croit

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A l’instar des autres romans de R. Makkai, celui-ci se lit trĂšs bien. Sa plume est fluide et immersive. J’ai nĂ©anmoins eu l’impression de quelques longueurs. De plus, la colonie d’artistes comprend de nombreux personnages et j’ai parfois eu du mal Ă  me souvenir de qui est qui dans l’histoire. C’est mon moins prĂ©fĂ©rĂ© de ses trois romans mais il se lit tout de mĂȘme bien.
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J’ai adorĂ© lorsque, dans les remerciements de fin d’ouvrage, Rebecca Makkai Ă©crit « ce livre devait traiter de l’anorexie masculine. Ne me demandez pas ce qu’il s’est passĂ© entre temps ».
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09/01/2023

Coming In – Elodie Font & Carole Maurel – 2021
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HappĂ©e par cette magnifique couverture et le trait si particulier de Carole Maurel je n’ai pu m’empĂȘcher de mettre le nez dans cette toute rĂ©cente bande dessinĂ©e.
L’autrice, quant Ă  elle, je ne la connaissais pas. Elodie Font est journaliste et a reçu en 2018 le prix LGBTI : Out d’Or du meilleur documentaire pour son docu pour Arte Radio « Coming In » dans lequel elle parle de son homosexualitĂ©. Cette BD retrace son coming in sous la palette toujours splendide de Carole Maurel.
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Si le coming out est l’annonce « publique » de sa sexualitĂ© ou identitĂ© de genre, le coming in quant Ă  lui est de pouvoir rĂ©ussir Ă  prendre conscience et accepter sa sexualitĂ©, de soi Ă  soi. Certains clameront que c’est trĂšs simple de savoir qui on est, qui on dĂ©sire, qui on ne dĂ©sire pas, mais si vous avez dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ© de vous convaincre de quelque chose alors mĂȘme que cette chose n’était pas vraie (on l’a tous fait un jour, pour des choses plus ou moins importantes) alors vous savez Ă  quel point cela peut ĂȘtre insidieux voire violent.
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Dans cette BD touchante, Elodie retrace le cheminement qui, de ses 15 Ă  30 ans, lui a permis de mettre des mots sur ses dĂ©sirs. Alors que le monde autour « savait », Elodie, qui avait petite fille longuement rĂȘvĂ© d’un mariage hĂ©tĂ©ro idĂ©al, restait dans le dĂ©ni. Vouloir correspondre Ă  une norme alors que les signaux d’alerte hurlent intĂ©rieurement, c’est comme remettre du crĂ©pi sur un immeuble en flammes. Le souci c’est que ça n’empĂȘche pas l’incendie et que ça peut mener Ă  la destruction totale de soi.
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Alors oui, pour certains les choses sont claires depuis le dĂ©part mais pour d’autres cela peut prendre toute une vie. Parce qu’Elodie n’a pas vraiment eu d’exemple auquel s’identifier lorsqu’elle Ă©tait adolescente, elle raconte dans son podcast puis dans cette bande dessinĂ©e le parcours de son coming-in. Instructif et important !
🔾maurel

09/01/2023

Les CƓurs insolents – Ovidie & Audrey LainĂ© – 2021
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J'ai dĂ©couvert Ovidie avec son documentaire « A quoi rĂȘvent les jeunes filles » et Ă  chaque fois que j’écoute/lis une de ses interventions je me sens plutĂŽt en accord avec ce qu’elle dĂ©fend.
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Cette chronique ne sera probablement pas objective car, bien que j’aie quelques annĂ©es de moins qu’elle, qui est nĂ©e en 1980, j’ai moi aussi passĂ© mon adolescence dans les annĂ©es 1990-2000.
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Alors que sa fille entre dans cette pĂ©riode wtf qu’est l’adolescence, Ovidie se souvient de comment c’était pour elle au mĂȘme Ăąge. Adolescente aprĂšs la gĂ©nĂ©ration X nĂ©e en 1970 – 80 et avant la gĂ©nĂ©ration Y des « digital natives », Ovidie est issue de cette gĂ©nĂ©ration qui ne porte aucun nom. Cette gĂ©nĂ©ration oĂč l’on pensait que les viols n’étaient commis que par des inconnus, la nuit dans des parkings (parce qu’un mec qui abuse d’une m**f saoule en soirĂ©e c’était juste un opportuniste face Ă  une m**f qui l’avait bien cherchĂ©) ; ces annĂ©es oĂč les termes « violences sexistes » et « consentement » n’étaient pas utilisĂ©s ; ces annĂ©es oĂč tu ne pouvais pas avorter sans l’accord d’un parent et oĂč il y avait un malaise sur le rapport Ă  la sexualitĂ© mais que l'on arrivait pas encore Ă  nommer.
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Cette BD parle de tout cela et entame une comparaison avec la gĂ©nĂ©ration actuelle, qui possĂšde plus d’armes pour faire face Ă  ces violences mais qui semble Ă©galement plus exposĂ©e par le biais d’Internet et des rĂ©seaux. Les gĂ©nĂ©rations passent mais certains problĂšmes sont toujours lĂ . Cependant, la façon dont on aborde le sexisme aujourd’hui, par rapport Ă  il y a 20 ans, me rend optimiste bien qu’il reste encore ENORMEMENT de boulot.
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Les illustrations d’Audrey LainĂ© illustrent parfaitement bien ce tĂ©moignage par leur expressivitĂ© et leur dynamisme.
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A noter Ă©galement : l’excellente prĂ©face de Wendy Delorme dont je partage totalement les paroles suivantes : « Je suis de celles qui se reconnaĂźtront dans ces pages, et qui, Ă  postĂ©riori, se sentiront moins seules dans leurs annĂ©es lycĂ©e. De celles qui auraient aimĂ© qu’une fille comme Ovidie, la quadra d’aujourd’hui, leur donne ce livre Ă  lire, quand elles Ă©taient ado. On peut lui dire MERCI ».
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31/12/2022

Magus of the library - Izumi Mitsu – Depuis 2017
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Il aura fallu plus d’une centaine de posts sur mon compte Instagram pour qu’apparaisse une chronique de manga. Et pour cause : je me suis mise Ă  lire du manga cette annĂ©e, je dĂ©couvre et suis encore hyper novice dans ce domaine. A l’instar de la bande dessinĂ©e, c’est un rayon hyper variĂ© oĂč il est facile de trouver une lecture Ă  son goĂ»t et dans le peu que j’ai pu lire j’ai dĂ©jĂ  quelques coups de cƓur !

Pour cette fin d’annĂ©e, j’ai envie de parler de Magus of the Library, une sĂ©rie ado qui contient pour l’instant 5 volumes que j’ai lus durant cette pĂ©riode de NoĂ«l et qui reprĂ©sente ma lecture dĂ©tente de cette fin d’annĂ©e. Elle ne sort pas vraiment de ma zone de confort puisqu’il y est question de bibliothĂšques et de bibliothĂ©caires, c’est ce qui a attirĂ© mon attention vers ce titre 😅.

C’est l’histoire d’un petit gars, Shio, harcelĂ© par ses camarades parce qu’il est un sang-mĂȘlĂ©, qui trouve refuge dans la lecture. Faisant partie des classes pauvres de son village, l’accĂšs Ă  la bibliothĂšque lui est interdit, il s’y introduit donc rĂ©guliĂšrement en douce pour avancer la lecture de ses aventures prĂ©fĂ©rĂ©es. Le jour oĂč des Kahunas, ces gardiens de la grande bibliothĂšque, font un passage par le village de Shio pour rĂ©gler une affaire de conservation de livres, c’est toute sa vie qui bascule dans son envie de devenir Ă  son tour bibliothĂ©caire. Pour ça, il va devoir s’entraĂźner dur et se rendre Ă  la capitale pour se prĂ©senter au concours oĂč il va rencontrer de nombreux camarades mais surtout faire face Ă  son destin, bien plus grand qu'il n'aurait pu l'imaginer...

Du fantastique, de la magie mais aussi des leçons de sagesse sur l’égalitĂ© entre les diffĂ©rentes ethnies de cette histoire, entre les femmes et les hommes et les diverses classes sociales. Plein d’humour, une flopĂ©e de personnages attachants, des pans d’histoire du livre et des bibliothĂšques et une touche de suspense quant au destin de Shio, ce petit hĂ©ros qui doute beaucoup de lui. Il n’en fallait pas plus pour que ce manga me plaise et que j’attende dĂ©sormais avec impatience la sortie du tome 6.

Cette jolie sĂ©rie termine parfaitement mon annĂ©e 2022 ✹

05/12/2022

Le dernier des siens – Sibylle Grimbert – 2022
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Une lecture toute en émotions !

L’histoire se dĂ©roule au milieu du XIXe siĂšcle. Auguste est un jeune zoologiste qui part Ă©tudier la faune au nord de l’Europe. Lors d’une sortie en mer, il est tĂ©moin d’un massacre de grands pingouins, braconnĂ©s entre autres pour leur viande. Alors qu’il croise la route d’un pingouin blessĂ©, il le ramĂšne Ă  terre pour l’étudier et l’envoyer au musĂ©um d’histoire naturelle de Paris. Son but n’était pas du tout de le garder prĂšs de lui, mais petit Ă  petit, une relation particuliĂšre s’installe entre l’homme et l’animal 
 Relation qui va durer une quinzaine d’annĂ©es. Gus ne le sait pas encore mais il va devenir le tĂ©moin de l’extinction d’une espĂšce, son grand pingouin Ă©tant probablement le dernier des siens.

Ce livre est une fiction, mais si bien documentĂ©e qu’on a l'impression que l’histoire est rĂ©elle, et surtout que Prosp le grand pingouin a bel et bien existĂ©. L’écriture est simple et nous plonge d’emblĂ©e au cƓur de ce duo inattendu pour lequel les voies de communications sont quasi inexistantes. Et pourtant ça fonctionne ! Sans jamais tomber dans la caricature, Sibylle Grimbert nous raconte cette incroyable attachement entre deux ĂȘtres au cƓur d’une sociĂ©tĂ© humaine violente qui n’a que faire de la biodiversitĂ©. Nous assistons alors, tout comme Gus, Ă  la fin d’une espĂšce rĂ©ellement Ă©teinte aujourd’hui. Que l’humain soit responsable de la disparition d’espĂšces vieilles de plus de 100 000 ans pose de nombreuses questions Ă  Gus et nous amĂšne, sans impĂ©ratif, Ă  rĂ©flĂ©chir sur le lien que nous entretenons avec les animaux et avec notre planĂšte.

Un roman qui m’a provoquĂ© une forte empathie envers cet animal innocent, probablement plus qu’envers n’importe quel hĂ©ros humain. Je n’avais pas envie de quitter Prosp en tournant les derniĂšres pages...

Ce roman trÚs touchant et original est une belle découverte de cette rentrée littéraire 2022.
anne.carriere

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