sagesse et développement (im) personnel

sagesse et développement (im) personnel

Ici et Maintenant, le visage d'un instant... Découvrir nos mille facettes et notre unique visage. https://www.facebook.com/groups/1675012796144678/

Juste être, ici et maintenant, dans l'instant offert en présent ! Si vous aimez cette page, nous vous proposons de tester le nouveau jeu "Les Trois cheveux d'or", jeu de développement personnel dans le groupe "Autour des trois cheveux d'or".

23/03/2024

Le silence peut être perçu comme une perte de temps… Vous, vous croyez au contraire à sa fécondité ? (La Vie)

Anne Le Maître : Oui, et j’aime l’image de la jachère : parfois, ne rien faire est plus fécond que faire. Si cela est avéré en agriculture, pourquoi cela ne serait-il pas vrai pour nous aussi ? En passant pendant deux ans dans mon petit jardin à écouter les oiseaux, j’ai réalisé qu’il y en avait 41 sortes différentes. La fécondité de cette écoute ne fut pas seulement l’identification de 41 espèces, elle engendra aussi une prise de conscience le jour où il en manqua un : je mesurai alors l’effondrement biologique, et, face à cette réalité insupportable, je me mis dans l’action en m’engageant dans l’écologie. L’idée de jachère prend ici tout son sens : dans mon silence du matin, j’ai longtemps ignoré que 41 sortes d’oiseaux se cachaient dans le jardin. Le silence permet une autre perception du réel. Il nous rend plus poreux à ce qui nous entoure, et offre ainsi la possibilité de se laisser toucher et rejoindre.

Source : La Vie magazine

05/03/2024

Un ingrédient majeur, c’est aussi le lien à l’autre. Un lien désintéressé, gratuit, donné. En allant au lit, j’ai souvent en tête les mots de Sénèque qui proposait que l’on se demande, à cette occasion, quels progrès nous avons accomplis dans la journée. Très concrètement, dans une société au rythme trépidant, on peut aussi, à tout moment, faire des retraites intérieures.
Apprenons à ralentir : à une caisse de supermarché, en attendant le train… Retourner au fond du fond, où nous avons, comme dit Jacques Castermane, infiniment le temps.
Voir qu’il y a un immense gouffre entre ce après quoi nous courons et ce que nous désirons réellement. Au fond, l’art de la joie et du bonheur est infiniment plus concret que nous ne le croyons, et les philosophes l’ont bien perçu quand ils nous invitent à adopter un art de vivre, à pratiquer.

Alexandre Jollien
(source L'Eventail)

26/11/2023

"Il dépend de chacun de choisir d’être humain ou d’humilier, de devenir violent ou de pacifier, de condamner à mort par un jugement ou de sauver par un sourire. Un seul regard peut tuer ou redonner la vie. Il y a le meilleur et le pire en chacun. Nous sommes sur terre pour donner le meilleur de nous-même en nous donnant, et pour appeler l’autre dans le meilleur de lui-même. Cela passe par des petits riens qui sont de puissants contre-pouvoirs à la violence et à l’indifférence."

Hommage à Magda Hollander-Lafon
L’une des dernières survivantes françaises de la Shoah.
http://serge.vieville.free.fr/appel%20a%20la%20vie%204.mp3

14/10/2023

Il y a une mode « d’habiter le présent ». Pour traverser certains traumatismes et constater que je ne suis plus dans ce passé qui m’a fait mal, cela peut être utile. Mais, au-delà, le « pur présent » me paraît illusoire, car en réalité, nous vivons l’instant en étant le fruit de notre passé. Déguster un bon vin, en savourant l’instant présent n’est possible que parce que, comme le dit David Hume, un apprentissage a mené à cette « délicatesse de la perception ». Celle-ci est toujours imprégnée de souvenirs et d’éducation. L’idée de « pur présent » appauvrit l’existence. Bien sûr, ce retour sur son passé est moins important à 17 ans qu’à 60, mais chaque seconde qui passe s’enfuit dans le passé, et nous commençons à vieillir très jeune ! Vivre, c’est accumuler du passé, comme une matière à portée de main qui peut nous indiquer où sera notre bonheur futur. Assouplissons notre rapport au passé, comme nos articulations, afin de bien vieillir et de ne pas devenir un « vieux con ». Pour vivre avec son passé, et non dans son passé.

Charles Pépin
(source : La Vie)

13/10/2023

"Les mots « espèces nuisibles » et « mauvaises herbes » ne sont que le reflet d’un préjugé séculairement ancré, selon lequel les plantes et les animaux sont là pour nous servir ou nous réjouir, et que nous avons sur eux un droit discrétionnaire. Ces mots sont la traduction directe de notre égocentrisme (ou anthropocentrisme), de notre ignorance et de notre étroitesse d’esprit. Les animaux considérés comme nuisibles ne le sont que par nous, et il en est de même des herbes prétendues mauvaises. En réalité, nous ne sommes qu’une espèce parmi tant d’autres. Ajoutons, en passant, que, face aux extinctions multipliées d’espèces dont nous sommes aujourd’hui responsables, nous mériterions, seuls, le qualificatif d’espèce hautement nuisible à l’harmonie et à la préservation de la biodiversité."

Hubert Reeves

19/08/2023

La beauté est partout
même
sur le sol le plus dur
le plus rebelle
la beauté est partout
au détour d’une rue
dans les yeux
sur les lèvres
d’un inconnu
dans les lieux les plus vides
où l’espoir n’a pas de place
où seule la mort
invite le cœur
La beauté est là
elle émerge
incompréhensible
inexplicable
elle surgit unique et nue –
à nous d’apprendre
à l’accueillir
en nous

(Le grand rivage, p.41)
Kenneth White (en hommage)

04/08/2023

Cessez de vous projeter dans le futur et de vous demander si vous aurez le temps d'achever ce que vous avez à faire. Si vous l'avez vous en viendrez à bout. Si vous ne l'avez pas, vous terminerez demain.

Lorsque vous vous arrêtez pour prendre un café, accordez-vous un instant pour le savourer. Buvez-le lentement comme si le temps s'était arrêté pour vous permettre de le déguster.

Au volant de votre voiture; levez le pied même si vous êtes pressé.

Accordez-vous une "récréation" d'une demie-heure ou plus par jour, à utiliser de manière impromptue, suivant l'envie du moment.

Ménagez-vous une à deux heures de solitude chaque jour et laissez le répondeur se charger de vos appels.

Lorsque vous admirez un coucher de soleil, regardez-le jusqu'à ce que le dernier rayon ait disparu derrière l'horizon.

Quand vous parlez avec votre voisin(e), laissez la conversation avoir un début et une fin naturels plutôt que dictés par la montre.

Lorsque vous prenez une do**he le matin, abandonnez-vous à ce moment jusqu'à ressentir le bien qu'il vous fait.

Cherchez tout ce que vous pouvez APPORTER au monde qui vous entoure plutôt que ce que vous pouvez PRENDRE.

Cultivez la paix intérieure. Gardez une pensée positive.

Ernie Zelinski

30/06/2023

Les choses arrivent à qui est disponible pour les vivre, les entendre ou les voir. C’est formidable d’être à la disposition de son destin.
Sinon, que se passe-t-il ? Rien.

Se laisser guider par son instinct, suivre des chemins inconnus où tout devient important. Avoir le sentiment d’être de nouveau un enfant. Être curieux du monde et apprendre sans cesse. Tout a du sens quand on est comme cela, en voyage dans sa vie.

Jacques Higelin

18/06/2023

Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être. Nous jugeons les situations par la façon dont elles se présentent. Nous regardons quelqu'un et nous pensons que c'est ainsi qu'il est. Nous répondons à nos conditionnements. Nous avons subi un lavage de cerveau depuis notre enfance pour croire que les choses devraient être d'une certaine manière. Mais les choses ne sont pas censées être de cette manière. Les choses "sont", tout simplement. Elles n'ont aucune substance, elles n'ont aucune réalité. Lorsque vous réagissez aux conditions, vous gaspillez votre énergie, alors que vous pourriez utiliser cette énergie pour découvrir votre Soi, pour découvrir votre propre réalité.

~ Robert Adams

07/06/2023

La vie est très courte, vous ne savez pas ce qu'il y avait avant votre naissance, vous ne savez pas ce qu'il y aura après votre mort. Ce que vous pouvez savoir aujourd'hui, vous le savez par le biais de l'existence, de ce qui n'était pas avant votre naissance et de ce qui ne sera plus après votre mort. Ce que vous savez aujourd'hui, vous le savez au travers de votre corps. Alors qui peut dire ce qu'il y a quand il n'y a plus de corps ? Mais au moment de partir, quand vous serez devant la dernière porte à laquelle nul ne peut échapper, c'est la vie tout entière qui vous posera une question : « Comment as-tu aimé ? » Vous saurez à ce moment-là ce que vaut votre existence. Vous saurez à ce moment-là si vous avez vécu. Vous saurez si vous appartenez au club des AA, les Amoureux Anonymes.

Yva Amar - Tisser le lien (méditations)

06/05/2023

Ne pas dépendre des événements

Comme disait Marie Curie, que j’ai eu la chance d’incarner au cinéma, il ne faut pas dépendre des événements. Le bonheur est comme un château intérieur que rien ni personne ne peut détruire. Mais ce château, il faut le défendre des attaques ennemies, c’est-à-dire des épreuves, petites ou grandes, qui adviennent inévitablement. Comment ? En veillant sur lui, constamment, chaque jour, grâce à un travail intérieur. On ne peut pas être heureux en se laissant vivre.

Être dans la gratitude

Au lever, je souris à moi-même, je me demande quelles merveilles vont m’être offertes et je dis « oui », je me lance dans la vie. Je me regarde ensuite dans la glace et je me dis : « Ne t’énerve pas. Dans 10 ans, si tu es toujours là, tu regretteras ton visage d’aujourd’hui, alors profite ! » La vieillesse n’est pas un cauchemar, elle n’est qu’une étape sur le chemin de notre existence. Je la respecte infiniment. Le soir, je revois chaque détail de la journée et je m’en réjouis. La gratitude cultive et nourrit mon bonheur, elle le rend tangible, malgré mes douleurs et mes peines.

« Je souffre donc je suis »

Quand j’ouvre l’œil le matin, je suis très optimiste, mais quand je mets le pied par terre, c’est douloureux (rires). J’ai 79 ans tout de même, alors, oui, je dois accepter que mon corps me fasse défaut. Mais je souffre donc je suis ! Mes douleurs me rappellent que je suis toujours vivante. On peut construire quelque chose sur la douleur à condition de ne pas la refuser, mais de l’accompagner.

Être là, présent au présent

À l’âge que j’ai maintenant, je pense que la réponse à tout ce qui peut arriver dans une vie, c’est : être là. C’est une façon de vivre qui aide à transcender toutes les questions de l’existence. Tous les drames aussi. Je l’ai compris au moment de la mort de Vadim. Plutôt que de faire à tout prix, il s’agit d’être. Ma vision de l’interprétation tient donc en ces deux mots : être là. Dans la vie comme sur scène.

Comment cultiver le goût bonheur par Marie-Christine Barrault
(source : la Vie magzine)

29/04/2023

1. Traquer la beauté…

…dans une tasse de café, un rayon de lumière. Une fois, lors d’un voyage en famille en voiture, nous passions sur un pont. L’eau offrait un tel reflet turquoise que j’ai fait arrêter tout le monde, juste pour le saisir. Ça a renâclé, mais pas trop. Ils savent que je suis plus disponible quand je me permets ce genre de chose ! Plus je m’abreuve de ce qui me transporte, plus je vis pleinement.

2. Consacrer du temps

Trente minutes gratuites, devant quelque chose de beau. Ne rien faire. Juste écouter, détailler les couleurs sans chercher un résultat, une analyse. Les effets, à ce stade, peuvent déjà être très bénéfiques. Un jour de grande colère, cette étape-là m’avait déjà permis de sortir de ma rage, avant même de peindre.

3. Regarder avec attention

J’observe cet arbre en hiver. Évidemment, il doit être gris. Pourtant n’y vois-je pas des nuances de mauve ? Laisser faire son impression, sans enfiler ses propres lunettes, ouvre des perspectives étonnantes. Pourquoi ne pas prendre de quoi dessiner ? Écrire ? Tenter de garder cette émotion sous une forme concrète permet de la choisir. Or, on devient ce qu’on choisit. La beauté transforme.

4. Ne pas chercher à bien faire

Petite fille, j’aimais reproduire des tableaux. Une fois, j’achoppais sur un visage. Je n’arrivais pas à faire la bouche. Je cherchais trop à « bien » faire. Mon père me glisse alors ce conseil : « Mets du violet sur la lèvre supérieure et du rose dessous. » Deux couleurs pour une même bouche ? Il avait raison. Ça m’a débloquée et ouvert un monde de possibilités.

Elo de la Ruë du Can

(soure : la Vie magazine)

24/04/2023

Commencer par soi, mais non finir par soi; se prendre pour point de départ, mais non pour but; se connaître, mais non se préoccuper de soi.

Martin Buber

21/02/2023

Nous avons une image de nous et, du matin au soir, nous voulons nous y conformer. Un jour, j’ai décidé qu’Alexandre Jollien serait comme cela, et gare à moi si je ne suis pas à la hauteur. On n’imagine pas l’infinie souffrance qu’engendre une telle fixation. Se dépouiller, c’est se mettre à nu. Je l’ai écrit dans mon dernier livre qui porte le titre explicite du Philosophe nu : le calme est déjà là, en moi, à demeure si je puis dire. Si je le cherche ailleurs, je lui suis infidèle. Être dans le dépouillement, c’est être totalement soi, totalement nu pour laisser éclater cette joie qui est déjà présente en nous, qui nous précède. Nul besoin d’aller la chercher, de la séduire pour qu’elle vienne. Elle est déjà là."

extrait du livre "Petit traité de l'abandon" d'Alexandre Jollien

28/01/2023

Quand on est abattu par la souffrance, peut-on encore s’émerveiller ?

Quand on vit une épreuve, l’émerveillement n’est pas simple à ressentir, et il est parfois absent. Pour autant, ce n’est pas incompatible, cela peut coexister. Je crois d’ailleurs que cette capacité s’endort plutôt dans le confort, et que la difficulté ou le manque sont des failles qui viennent réveiller l’émerveillement face à la vie. La brèche de notre misère, de notre pauvreté, de notre souffrance laisse passer la grâce.
Quand on vit quelque chose de difficile, une disposition intérieure différente peut émerger : le temps prend une autre valeur. On redécouvre une science de la vie, une consistance au temps, à la présence de l’autre, l’importance de voir ceux qu’on aime, la valeur d’un geste, d’une parole. Finalement, on mesure parfois le miracle de l’existence quand on sent que celle-ci nous échappe. C’est lorsqu’on perd quelque chose qu’on se rend compte qu’on y tenait.

Lorsque vous-même avez vécu de terribles épreuves, l’émerveillement a-t-il eu une place ? Ou est-ce après coup que vous avez pu y goûter ?

Il y a eu des moments d’émerveillement, oui. Alors que j’étais alitée la tête en bas, les pieds en l’air, pour ne pas accoucher à cinq mois de grossesse, une infirmière exténuée s’est réfugiée dans ma chambre et a vidé son sac. De l’avoir consolée, alors que j’étais dans un état catastrophique, m’a profondément touchée. Je ne me suis pas émerveillée de moi-même, mais de la beauté de la relation quand elle est dans l’écoute. J’ai compris que même dans la dépendance la plus totale il y a encore quelque chose à vivre et à apporter aux autres.
J’ai vécu un autre moment d’éblouissement à la fin de cette première semaine d’alitement, où il y avait 99,9 % de risques que je perde mon enfant. Dans cette période d’incertitude cauchemardesque, un pédiatre est venu me voir. Il m’a dit ce qu’il fallait que je réussisse à faire : tenir deux mois, ce qui me semblait être plus difficile que gravir l’Everest. Il m’a parlé avec délicatesse, mais de façon vraie, avec ce côté tranchant de la vérité. Je me suis sentie respectée par ce médecin. Ce qu’il était en train de me dire, personne n’aurait jamais envie de l’entendre, mais je savais que c’était vrai et cela m’a fait du bien. Cette vérité-là m’a émerveillée.

Blanche Streb
Source : La Vie

23/01/2023

"L’être conditionné croit que ce qui est perçu à l’extérieur définit ce qui est vécu à l’intérieur.

L’Être libre sait que ce qui est vécu à l’intérieur définit ce qui est perçu à l’extérieur.

Lorsque la vie s’écoule simplement comme l’eau de la rivière alors s’estompe l’illusion de séparation entre l’intérieur et l’extérieur.
Ne reste alors que le souffle de l’Esprit, celui qui infuse sa magie à la sensation d’être en vie."

Julie Ann

04/01/2023

« Je dis merci mille fois par jour »
« Dans la rue, quand j’entre dans un ascenseur, je dis toujours bonjour ! Je dis merci mille fois par jour, dès mon petit-déjeuner : du café, ce pain français si bon et beurré. Pourtant, je n’ai pas été épargnée par les malheurs. Je suis v***e depuis que j’ai 49 ans, j’ai eu un cancer stade 4 il y a six ans. Ma mère disait que tout est une question d’attitude. J’allais à l’hôpital pour une chimio comme on va au bal : maquillée, avec un chapeau, je parlais à tout le monde ! La guerre en Ukraine me touche particulièrement car mes grands-parents maternels, Juifs, y ont vécu. Le père de mon mari a connu la déportation. Même dans le pire malheur, même dans une cave ukrainienne, même à Auschwitz, certaines personnes sont des lumières pour d’autres. La joie naît lorsqu’on donne un peu de soi. Face à la mort qui me fait très peur, je mesure combien chaque jour est un cadeau. »

Susie Morgenstern

04/01/2023

« Seule la joie peut durer »
« Pour les Anciens, le but de la vie était d’accéder à la sagesse. La notion du bonheur n’a été considérée qu’au XVIIIe siècle, avec Diderot ou Kant par exemple, mais sitôt exclue du champ philosophique car jugée trop singulière, subjective : le bonheur ne peut être pensé de manière universelle. On doit à Bergson d’avoir montré qu’il est lié à notre élan vital : la joie indique que la vie en nous a gagné du terrain, remporté la victoire. Notre société consumériste propose de faux bonheurs, associés à la richesse, à la possession, au plaisir. Or ils ne suffisent pas à rendre heureux. Seule la joie peut durer. Elle suppose de ne pas désirer l’impossible, d’éviter de se lamenter, de se réjouir d’être en vie, même sous la pluie… “Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté”, considérait Alain. Être optimiste demande de l’intelligence et du courage. Que choisissons-nous d’entretenir : le manque ou le plein ? »

Éric-Emmanuel Schmitt
(source : La Vie)

25/11/2022

« Le silence est la plus belle matière. On sait que le pétrole va s'épuiser, après nous avoir épuisés. On sait que les diamants et l'or ne sont pas en quantité indéfinie dans la terre. Mais il existe une matière qui, tout en étant précieuse, est surabondante. C'est le pur silence du lecteur penché sur son livre, ou la petite respiration à peine perceptible du nouveau-né qui dort. Le silence est le mariage de l'éveil et du sommeil, de l'extrême attention et de l'extrême repos. Si le silence était un événement de la nature, ce serait un flocon de neige. Si le silence était en vers, il serait un poème de Jean Grosjean. Et si le silence était une personne, on ne saurait pas son nom, on ne la verrait pas, et on ne pourrait absolument pas douter qu'elle est là. »

Christian Bobin

15/11/2022

J’atteste qu’il n’y a d’Être humain
que Celui dont le cœur tremble d’amour
pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment
plus pour eux que pour lui-même
liberté, paix, dignité
Celui qui considère que la Vie
est encore plus sacrée
que ses croyances et ses divinités
J’atteste qu’il n’y a d’Être humain
que Celui qui combat sans relâche la Haine
en lui et autour de lui
Celui qui dès qu’il ouvre les yeux au matin
se pose la question :
Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre
ma qualité et ma fierté
d’être homme ?

Abdellatif Laâbi
14 novembre 2015

03/11/2022

Je connais des gens qui prennent la Vie en horreur sous l'étrange prétexte que le Monde leur déplaît. Comme si le Monde et la Vie étaient sortis jumeaux du même ventre ! Le Monde n'est que le lieu où la Vie s'aventure. Il est rarement accueillant. Il est même, parfois, abominable. Mais la Vie ! L'enfant qui apprend à marcher, c'est elle qui le tient debout. La femme qui apprend les gestes de l'amour, c'est elle qui l'inspire. Et le vieillard qui flaire devant lui les brumes de l'inconnaissable, affamé d'apprendre encore, c'est elle qui tient ses yeux ouverts. Elle est dans la force de nos muscles, dans nos élans du cœur, nos poussées de sève, notre désir d'être et de créer, sans souci de l'impossible. "Impossible est impossible!" Voilà ce que dit la Vie. Avez-vous déjà vu une touffe d'herbe verte s'étonner de sortir d'une fente dans le bitume? "

Henri Gougaud - Les sept plumes de l'aigle

25/10/2022

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront : « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.

Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé

14/07/2022

" Attendre sans cesse un événement futur, un projet, une rencontre, un dîner, un amour, des vacances, du temps libre, la retraite ...
Le bonheur semble toujours à venir.
Personne ne paraît satisfait de ce qu'il a, du temps présent dans lequel on vit.
Alors on rêve du futur, on néglige le présent que l'on trouve banal, insatisfaisant.
Pourtant la vie s'écoule, se joue maintenant, dans cet instant même où vous me lisez.
La vie est précieuse à tout moment "
Charlotte Valandrey ( 1968 - 2022 )

01/06/2022

« Hommes dominés par vos égos, qui vous querellez et vous battez entre vous, vous ne semblez pas être conscients de l’évidence : si les différentes parties de votre corps utilisaient ces mêmes valeurs, dont vous usez pour déterminer votre comportement social, toute coopération entre les ribosomes, les enzymes, les mitochondries ainsi que toutes les formes de vie permettant à chacune de vos cellules de former une unité cohérente- sans parler d’un corps humain entier et sain- s’en trouverait véritablement entravée. »

Ken Carey – Le retour du peuple des oiseaux

28/05/2022

"La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force.
Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la faillite fondamentale de l’homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent. »
Milan Kundera, L’Insoutenable légèreté de l’être

16/05/2022

Anne-Dauphine Julliand : « Pleurer devant les autres, c’est déjà un appel à la consolation »

On ne console l’autre que dans la relation que l’on tisse avec lui et dans l’amour qu’on a pour lui. La consolation, c’est un cœur à cœur.

Je crois que cela demande beaucoup de douceur avec soi-même. Parfois, la seule chose à faire quand on a mal, c’est pleurer et prendre le temps d’accueillir cette peine et de la vivre pleinement. Là ou l’on pourrait avoir tendance à se dire qu’il faut se ressaisir, je pense au contraire qu’il faut être d’une infinie douceur avec soi-même. On nous invite tellement à nous ressaisir ! Je reste convaincue que la seule façon d’arriver à vivre pleinement la joie, c’est d’avoir vécu auparavant pleinement sa peine, de s’être presque vidé le cœur et les yeux de cette douleur de l’instant, comme font les enfants qui pleurent profondément le temps que dure la peine et qui après recommencent à jouer.

On peut être heureux avec le malheur, avec la souffrance. C’est un paradoxe. Je suis une femme profondément heureuse et je pleure quasiment tous les jours la mort de mes filles. Ce n’est pas la souffrance et le bonheur qui sont incompatibles, c’est le bonheur et la peur. Le bonheur se situe à un autre niveau que la peine que l’on ressent. Ce n’est pas un instant, du ressenti ou un sentiment : c’est un fait. C’est quelque chose qui nous imprègne. On ne se sent pas heureux : on est heureux.

Source : Aleteia

14/04/2022

Chez les Orientaux, le problème de la condition humaine n’est pas la faute ou le péché, mais l’ignorance. Cela rejoint d’une certaine manière la philosophie antique, et notamment la conception grecque amenée par Socrate et Platon sur l’ignorance de l’homme. On trouve un écho à cette conception dans ces paroles de Jésus issues des évangiles : « Père, pardonne leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Comme l’être humain ignore sa vraie nature et ne se connaît pas lui-même, il se débat dans sa souffrance, se trompe, bref, s’y prend mal et du coup augmente sa propre souffrance et celle des autres. Mais il n’est pas fondamentalement mauvais.
..Swâmi Prajnânpad disait « soyez audacieux », Arnaud Desjardins parlait, lui, de « l’audace de vivre ». Plus que jamais cela me semble d’actualité. On associe facilement la spiritualité à une vie calme et retirée, à l’écart de l’agitation du monde, « Vivons heureux, vivons cachés » disait Épicure. La spiritualité peut aussi consister à prendre la vie à bras le corps, à assumer tous les aspects de la condition humaine (la joie, l’amour, la créativité, la peur, le désir). Plus le monde est agité et incertain, plus prendre la vie à bras le corps peut paraître difficile, et pourtant c’est nécessaire.
..Donc, oui, il faut vivre à fond. De la naissance à la mort, nous connaissons des succès et des échecs, nous traversons tous de grandes joies et de grandes souffrances. Vivre pleinement, c’est donc être assez grand pour arriver à embrasser la vie dans tous ses aspects. Les possibilités sont immenses. Aura t-on le cœur assez grand pour toute cette immensité ?

Emmanuel Desjardins

Source : Rebelle(s)

22/01/2022

Le jour où ma mère est morte, j'ai écrit dans mon journal : "Un grave malheur de ma vie est arrivé. "J'ai souffert pendant plus d'un an après le décès de ma mère.

Mais une nuit, dans les hautes terres du Vietnam, je dormais dans la cabane dans mon ermitage. J'ai rêvé de ma mère. Je me suis vu assis avec elle, et nous avons eu une merveilleuse discussion. Elle avait l'air jeune et belle, ses cheveux coulaient vers le bas. C'était si agréable de s'asseoir là et de lui parler comme si elle n'était jamais morte.

Quand je me suis réveillé, il était environ deux heures du matin, et j'ai senti très fort que je n'avais jamais perdu ma mère. L'impression que ma mère était encore avec moi était très claire.

J'ai compris alors que l'idée d'avoir perdu ma mère était juste une idée. Il était évident à ce moment-là que ma mère est toujours vivante en moi.

J'ai ouvert la porte et je suis sorti. Toute la colline a été baignée au clair de lune. C'était une colline recouverte de plants de thé, et ma cabane était installée derrière le temple à mi-chemin. En marchant lentement au clair de lune à travers les rangées de plants de thé, j'ai remarqué que ma mère était toujours avec moi. Elle était le clair de lune qui me caressait comme elle l'avait fait si souvent, très tendre, très douce... Merveilleux !

Chaque fois que mes pieds touchaient la terre, je savais que ma mère était là avec moi. Je savais que ce corps n'était pas le mien, mais la continuation vivante de ma mère et de mon père et de mes grands-parents et arrière-grands- De tous mes ancêtres. Ces pieds que je voyais comme "mes" pieds étaient en fait "nos" pieds. Ensemble, ma mère et moi laissions des empreintes dans le sol humide.

A partir de ce moment, l'idée que j'avais perdu ma mère n'existait plus. Tout ce que j'avais à faire était de regarder la paume de ma main, sentir la brise sur mon visage ou la terre sous mes pieds pour me rappeler que ma mère est toujours avec moi, disponible à tout moment.

Hommage à Thich Nhat Hanh

19/09/2021

Croyez en l'extase des nuages
qui traversent les grands horizons,
au petit vent du soir,
au cœur de l'été chaud.

Croyez en la douceur d'une amitié,
d'un amour,
à la main qui serre votre main.

Car demain, mais n'y pensez pas,
demain éclateront peut-être
les nuages et l'orage emportera
vos amours.

Tenez-vous serrés,
ne vous endormez pas sur un reproche
non formulé,
endormez-vous réconciliés.
Vivez le peu que vous vivez
dans la clarté.

Julos Beaucarne
(Source : babelio)