Bruno Blum musicien

Chanteur, guitariste, bassiste, auteur, compositeur, producteur, musicologue, conférencier et écri

Chris Blackwell interview with Bruno Blum (1992) 29/03/2024

Un entretien avec Chris Blackwell, producteur de Bob Marley, l'homme qui a vendu le reggae au monde. J'ai fait ça en 1992 quand je travaillais pour Radio Nova à Paris. J'ai demandé à Chris pourquoi il ne rééditait pas plein de titres rares, je lui ai montré les vinyles jamaïcains et il m'a répondu "Je t'en donne deux fais un CD et mets le dans ton magazine". Et c'est comme ça que j'ai créé le numéro zéro de Nova Magazine avec Patrick Zerbib et Léon Mercadet. Le CD contient "P***y Reggae Party" et "Is This Dub", alors inédit. Je n'avais pas l'enregistrement de cet entretien et un copain ricain vient de m'envoyer le lien.

Chris Blackwell interview with Bruno Blum (1992)

Avis aux amateurs (lettre d'Éthiopie d'Arthur Rimbaud), by Bruno Blum 27/03/2024

J’ai mis en musique une lettre d’Arthur Rimbaud expliquant à sa mère qu’il va rester vivre en Éthiopie. Avec les Wailers : Aston « Family Man » au piano et à la basse, Earl « Wire » Lindo à l’orgue et Mikey Boo à la batterie.

Enregistré à Kingston, Jamaïque.

Avis aux amateurs (lettre d'Éthiopie d'Arthur Rimbaud), by Bruno Blum from the album Nuage d'Éthiopie [album]

25/03/2024

je suis en direct sur Perfecto Music en ce moment

Sweet Little Fifteen, by Sexy Frogs 21/03/2024

Un matin je me suis réveillé avec une fille dans les bras après avoir donné un concert de rock à la Locomotive, à Paris. Elle m’avait emballé sans difficulté dans les loges. Elle était venue avec des préservatifs et je garde un bon souvenir de cette nuit d’amour. Puis au petit dej elle m’a annoncé qu’elle avait quinze ans. J’en avais trente-cinq. Je l’ai ramenée gentiment chez sa mère, que je connaissais en plus. Il n’y a eu aucun malaise. Je ne l’ai jamais r***e. J’ai écrit cette chanson pour elle et joué le solo d’intro :

Sweet Little Fifteen, by Sexy Frogs from the album Sexy Frogs [album]

20/03/2024

Je cherche un plan pour créer un dossier de présentation en ligne de mon groupe, un "drive" gratis.

Y'a des informaticiens dans le coin ?

BB Bloom - Red House 20/03/2024

La vraie musique n'intéresse plus grand monde.

BB Bloom - Red House BB Bloom is a trio playing rock, blues, soul & pop in acoustic or electric set up, depending on the gigs.Guitar & vocals: BB BloomBass guitar: Ian SinclairDr...

2021 LA STORY DE BOB MARLEY (PAD) 19/03/2024

Je raconte la vie de Bob Marley dans ce film documentaire pour lequel CStar m'a posé des questions :

2021 LA STORY DE BOB MARLEY (PAD) This is "2021 LA STORY DE BOB MARLEY (PAD)" by S & Co on Vimeo, the home for high quality videos and the people who love them.

De viandard à végane - Bruno Blum 11/03/2024

Entretien avec l'auteur

De viandard à végane - Bruno Blum En plus de Paul McCartney, d'autres grands noms de la musique des années 70 et 80 étaient végétariens ou véganes. Voyez combien ils ont influencé la vie du m...

Cabaret Végane - CLÉMENTINE EST VÉGANE 10/03/2024

https://youtu.be/obCmW83qM8k?si=Hlne_P5ozy-ERr52

Cabaret Végane - CLÉMENTINE EST VÉGANE Extrait de l'album "Cabaret Végane" en écoute et en vente sur bandcamp.com

10/03/2024

Je viens de casquer mon abonnement annuel à Distrokid (Spotify YouTube Apple et Cie) ça m’a coûté 30 balles et rapporté zéro pour 137 titres en ligne et des dizaines de milliers d’écoutes sur 50 “plateformes”. Non seulement tu ne gagnes rien, mais en plus c’est payant.

Bien plus érotique, by Bruno Blum 09/03/2024

Enregistré à Studio One en Jamaïque avec "Dizzy" Johnny Moore à la trompette.

Bien plus érotique, by Bruno Blum from the album Le C​œ​ur à gauche, le fric à droite [album]

Sous la do**he (version Studio One), by Bruno Blum 09/03/2024

Enregistré à Studio One en Jamaïque.

Sous la do**he (version Studio One), by Bruno Blum from the album Le C​œ​ur à gauche, le fric à droite [album]

Bruno Blum Bruno Blum Bruno Blum, by Bruno Blum 08/03/2024

Psychédélique.

Enregistré en Californie.

https://sychbrunoblum.bandcamp.com/track/bruno-blum-bruno-blum-bruno-blum-2p

Bruno Blum Bruno Blum Bruno Blum, by Bruno Blum from the album Think différent [album]

Made in France (anglicismes part I), by Bruno Blum 07/03/2024

Pour comprendre 2024 en France !

Made in France (anglicismes part I), by Bruno Blum from the album Le C​œ​ur à gauche, le fric à droite [album]

Ça bouge (sur la place Rouge), by Bruno Blum 06/03/2024

F**k Putin!

Ça bouge (sur la place Rouge), by Bruno Blum from the album Bruno Blum [album]

28/02/2024

Je suis interdit dans les groupes de Facebook pendant un mois suite à un signalement de je ne sais quel cafard.

Si je reste (version reggae), by Bruno Blum 28/02/2024

Ma version d'un morceau bien connu du Clash :

Si je reste (version reggae), by Bruno Blum from the album Nuage d'Éthiopie [album]

26/02/2024

RENCONTRE AVEC Les Pretenders

• Le 23 octobre 1979 c'était l'anniversaire de Christophe Rühn, chanteur de Private Vices, le groupe de rock anglais où j'ai fait mes débuts à la basse.On était amis avec Chrissie depuis que je l'avais rencontrée avec Christophe en décembre 1978 en compagnie de Bob Gruen et David JoHansen, à une époque où je faisais mes débuts de correspondant à Londres du mensuel rock Best.

• Christophe allait avoir vingt ans ce soir-là et pour fêter ça Chrissie lui a offert une première partie des Pretenders au Nashville. Situé à côté de la bouche de métro West Kensington, le Nashville était un grand pub, environ 4 ou 500 places debout, où jouaient des artistes montants pas encore devenus riches. Un haut-lieu du pub rock au coin de Cromwell Road et North End Road. J'y ai vu jouer Wilko Johnson & Solid Senders, Little Bob Story, Joe Jackson, The Human League (j'avais rencontré David Bowie dans les loges ce soir-là, voir chapitre 73), Bram Tchaikovsky et bien d'autres. On avait déjà joué là en février 79 en première partie de feu Lew Lewis, un harmoniciste de Southend, un pote de Wilko, qui déchirait.

• Les Pretenders commençaient à être vraiment connus après le succès de leur premier morceau "Stop Your Sobbing", une reprise des Kinks, et on les adorait. On se voyait de temps en temps. Chrissie était venue à au moins trois de nos concerts, dont une fois au Marquee où l'on avait joué en première partie de Generation X. Elle a suivi notre guitariste jusque chez lui une nuit mais elle est repartie après avoir compris qu'il partageait un trois-pièces avec son père. J'avais aussi publié un article sur les Pretenders en mars 1979, leur premier en France. Elle allait bientôt me convaincre de devenir végétarien comme elle et, toujours comme elle, de laisser tomber le job de rock critique, ce que j'ai fini par faire sur ses conseils bien que t**divement. On était donc ravis de jouer dans ce pub prestigieux, haut-lieu du rock branchos à Londres. Surtout en première partie des Pretenders, qui était le meilleur groupe de la ville à ce moment-là et je m'y connais les filles.Il se trouve que l'affreuse Margaret Thatcher avait récemment été élue Première Ministre et une campagne de répression anti-rock frappait l'Angleterre. Les flics avaient fait une descente au Nashville le week-end précédent et avaient trouvé des mineurs dans le pub, ce qui était strictement interdit. Certains avaient consommé de la bière, une histoire comme ça et la droite anglaise ne rigolait pas avec la déchéance de la jeunesse. Malgré la forte tradition des concerts populaires dans les pubs, qu'on retrouve plus encore en Irlande, les lieux rock commençaient à être interdits de concert, c'était l'époque où les vidéos commençaient à remplacer la scène, "Video Killed the Radio Star", les groupes minables avec synthés partout arrivaient, les boîtes à rythme aussi, tout ce flip-là. Bref.Le soir de notre concert Pretenders/Private Vices, le tout Londres est venu. Les ex-Sex Pistols Paul Cook et Steve Jones étaient là avec plein d'autres célébrités de l'époque. La salle était pleine à craquer, les Pretenders étaient le nouveau groupe du moment, tout le monde savait que la prochaine fois ils seraient sur une grosse scène, qu'il faudrait payer cher l'entrée et on a (bien) joué devant une salle impatiente de les voir arriver, comme ça arrivait parfois quand on ouvrait pour des gros noms. Je me souviens qu'on a repris "Carol" de Chuck Berry ce soir-là pour faire du gringue à Carol Scott, une beauté qui avait des velléités de manager notre groupe encore frais. Les Pretenders, formation d'origine avec Pete Farndon et l'impérial James Honeyman-Scott à la Les Paul, ont même joué exceptionnellement la "Danse du sabre" d'Aram Khachaturian arrangée en rock énervé, une reprise du succès de Love Sculpture avec Dave Edmunds à la gratte en 68.

• En plein concert, à onze heures pile, heure légale de l'arrêt de la vente de boissons alcoolisées (annoncée par le deuxième coup de cloche), la police a fait irruption sur la scène en plein milieu d'une chanson des Pretenders. Il était l'heure de fermer et donc d'arrêter la musique. L'horaire était dépassé. Le perdreau a dit dans le micro "on ferme, veuillez regagner la sortie" après avoir bousculé Chrissie, qui avait l'intention de finir sa chanson. En retour, Chrissie a bousculé le flic d'un coup d'épaule à son tour (sous les cris de la foule) et a continué à chanter.La sono du Nashville a vite été coupée par la police, qui a aussitôt décidé de fouiller tous les occupants du pub bondé, de vérifier l'âge des occupants et tout. À la sortie, des renforts étaient arrivés et tout le monde devait quitter la salle rallumée. Les seuls autorisés à rester étaient les employés du pub… et les musiciens. Au fur et à mesure que la salle se vidait, pendant qu'on remballait, on a vite remarqué que tout le public jetait des paquets de drogues diverses parterre. Les gens savaient qu'ils allaient être fouillés à la sortie et plutôt que de se faire embarquer ils préféraient sacrifier leur came. À la fin, des dizaines de paquets jonchaient littéralement le sol et en rangeant le matériel on a tout ramassé pendant que la flicaille était occupée avec cinq cent djeunz dehors.

• On a planqué les paquets dans le matériel et on est sortis t**d, les poches vides. Il y avait un gros attroupement dehors. Les gens observaient encore la fouille du public et on a invité le public présent à nous rejoindre à notre squat, au 78 Abingdon Road, pas très loin de là, pour fêter les 20 ans de Christophe en fanfare. On a chargé le matériel en vitesse, au nez et à la barbe des keufs et on est partis tout doucement après avoir filé l'adresse discrètement à tout le monde. Notre camionnette, un gros fourgon-ambulance Bedford blanc conduit par notre glorieux régisseur Dave Davis, a été suivi par un cortège de rockers emballés par l'idée de finir la soirée à une fête de Private Vices, qu'ils venaient de voir jouer. On a remonté Cromwell Road au pas et une horde de valeureux rockeurs nous a suivi. Au moins cent cinquante personnes sont arrivées chez nous.

• On a rentré le matériel dans la maison et déballé les paquets. C'était la distribution générale de défonce fraîche, glanée dans le pub. Le festin des barbares. Le banquet d'Astérix. J'étais le seul à avoir une chambre à peu près meublée, avec une grosse chaîne stéréo et une belle collection de disques. Steve Jones et Paul Cook des Pistols sont venus, entre autres. Les Pretenders aussi bien sûr. J'ai passé la soirée dans ma piaule avec une dizaine de personnes debout. Chrissie s'est assise sur mon lit à côté de moi. On a sorti une guitare. Feu Pete Farndon, le bassiste du groupe avec qui j'étais également ami, est resté avec nous. La fête battait son plein sur quatre étages mais nous on est restés dans ma chambre, où je surveillais les allées et venues. On a joué de la guitare, Chrissie a chanté un truc, je ne me souviens plus très bien mais la fête a duré toute la nuit, copieusement arrosée par les paquets de bonbons cadeaux. C'était fabuleux. Un souvenir rock incroyable. Il y a eu un attroupement sur le trottoir devant chez nous, jusque dans la rue et jusqu'à onze heures du matin.

• La copine de Christophe, Linzi, qui n'avait que quinze ans, s'était fait refiler de l'angel dust à un autre concert et elle a fait un mauvais délire. Elle s'est pendue dans la cage d'escalier à l'aube. C'est Antoine, notre batteur, qui l'a décrochée et lui a sauvé la vie. Pete et Chrissie sont restés t**d. On a discuté, rigolé. Je prêtais mes comic books à Chrissie et elle me prétait les siens. J'ai encore sa collection de Howard The Duck, que je ne lui ai pas rendue car elle s'est fait piquer la collection de Zap Comics que je lui avais prêtée. On avait une relation de flirt modéré. Noggin, notre guitariste, aussi. Ma copine de l'époque, l'actrice, auteur et metteur en scène de théâtre Saskia Cohen-Tanugi, a publié un grand article dans Libération (28 février 1980) qui raconte cette soirée "After Punk ". C'est la première fois que mon nom est apparu dans Libération. Et probablement celui des Pretenders aussi.

Bruno Blum, 25 février 2013

25/02/2024

RENCONTRE AVEC Lemmy

Mes premiers articles sur Motörhead parus début 1978 alors que j'étais encore un bébé m'ont valu la reconnaissance de Lemmy, Philthy, Fast Eddie et plus encore de leur manager Doug Smith qui, à partir de 1978, louait ses locaux sur Great Western Road, juste au nord du quartier de Portobello Road. Doug Smith avait l'air d'un dur comme tout l'entourage du groupe. Toujours mal rasé, entouré de rockers en cuir de la quarantaine, hirsutes et cramés, il dirigeait une affaire de t-shirts rock, Holy T-Shirts, qui lui permettait de gagner sa vie. Ses bureaux étaient toujours encombrés de cartons de t-shirts. "Philthy Animal" le puissant batteur de Motörhead était un ancien skinhead et hooligan, bagarreur, petit et baraqué à l'accent de Leeds très prononcé. Motörhead n'avait pas encore beaucoup de succès et les temps étaient durs. Fast Eddie était plus détendu, moins teigneux et le groupe n'arrêtait pas de le chambrer.

• Quant à Lemmy, il était grand et costaud. Il portait sur son cuir des insignes n***s authentiques qu'il collectionnait et portait où qu'il aille par fascination et provoc, sans pour autant partager les opinions nazies le moins du monde mais vu son apparence, sa carrure et ses rouflaquettes de camionneur personne ne l'emmerdait. Ancien hippie tendance psychédélique bien barré, il m'avait raconté qu'il cachait ses blue jeans à l'extérieur de chez lui à Sheffield quand il était ado car c'était mal vu par sa famille et qu'il les enfilait quand il sortait avec ses potes. Lemmy était un fana de Little Richard et des Beatles, il adorait Paul McCartney par-dessus tout et toute la culture rock radicale, du moment que ça te faisait vibrer et accélérer le tempo. Il avait des potes mot**ds mais n'avait ni permis, ni bagnole ni moto. Il m'avait raconté qu'à ses débuts il était venu à Londres chercher à fréquenter des vedettes du rock et s'était pointé au Marquee en 1967 à la balance du Jimi Hendrix Experience, alors encore inconnu. Il avait filé un coup de main pour installer le matos son et il était tombé sur Hendrix, qui pour le remercier lui a dit d'ouvrir la bouche et lui a fourré un acide sur la langue. Lemmy a découvert le L*D et Hendrix comme ça et à mon avis il n'est jamais redescendu. Il vivait un mode de vie rock radical : sexe, drogues et rock and roll, c'était son inébranlable crédo et il vivait la nuit mais ne dormait pas le jour non plus.

• Son surnom Lemmy venait de la contraction de "lend me a quid" ("prête-moi une livre sterling"). Passons sur son premier groupe psyché, les Rocking Vicars et les excellents et ultra psyché Hawkwind, dont j'avais tous les disques et que j'avais vus sur scène plusieurs fois avant de découvrir Motörhead. Lemmy avait plusieurs particularités. D'abord, il était extrêmement drôle. Il cherchait le comique de toute situation et déconnait sans arrêt. Il riait tout le temps, il faisait marrer tout le monde et à l'intérieur de son cuir plein d'insignes SS rutilants, sa ceinture faite de balles de munitions, son jean serré, ses bottes de moto beige, ses bagues tête de mort et sa longue chevelure il y avait une espèce d'ado att**dé mais à la répartie ultra-rapide, toujours à l'affut d'une discussion, d'une rigolade, d'une moquerie. Ensuite, il ne lâchait que rarement son verre de whisky-coca et en sifflait de bonnes doses chaque jour. Lemmy passait ses nuits entières sans dormir, accro aux machines à sous de Music Machine à discuter avec tous ceux qui lui adressaient la parole, tout en jouant. Où qu'il soit tout son pognon passait dans les machines à sous. Et bien sûr il s'envoyait chaque jour des rails de sulfate d'amphétamine, une drogue extrêmement puissante, violente, qui accélère les battements du cœur et la vitesse de pensée. Et qui peut paraît-il provoquer des comportements disons, agressifs. Il n'a jamais été agressif avec moi au contraire. Sarcastique et piquant tout au plus. Lemmy répondait toujours du tac au tac, il attendait que tu digères ce qu'il avait dit, te laissait le temps de mouliner à deux à l'heure et te répondait encore en t'assénant sa contre-réponse à toute allure, en rigolant, toujours en avance d'une répartie. Il avait dans le revers gauche de son perfecto une couture défaite dans laquelle il planquait un petit képa de speed jaunasse et trimballait un couteau sur lui pour se servir.

• Lemmy était fascinant et toujours entouré de personnages patibulaires genre mot**ds chevelus et barbus sortis de la zone cosmique rock infernale comme son pote Tramp, président des Angels de Londres et de nanas hyper chaudes comme Motorcycle Irene, une jolie brune photographe sapée de cuir des pieds à la tête et maquée avec Philthy Animal, le batteur. Gerry, future Lucky Lawler du magazine rock The New York Waste auquel j'ai placé des dessins archi-rock, une ravissante blonde aux cheveux longs raides qui m'a fait la faveur d'une nuit dans mon lit d'Abingdon Road au son des Stooges Metallic K.O., habitait dans la ruelle juste derrière le célèbre pub homo The Coleherne à Earl's Court. Fascinée par la virilité et attirée par le sexe musclé elle était dingue de rock, elle avait un excellent sens de l'humour et se sapait comme un mec, jeans et cuir. Je trainais avec elle et avec d'autres gars de la bande Motörhead, dont Graham Mitchell, le régisseur du groupe, un barbu fondu de Mick Taylor et accro au speed comme Lemmy. D'ailleurs il s'habillait comme lui, les décorations de tatas teutonnes en moins. Gerry était sa régulière et je ne ratais pas une occase de voir Motörhead sur scène : Marquee, Dingwall's, Roundhouse… je passais mes nuits dans les concerts de rock et Lemmy était toujours dans les meilleures soirées, vissé à une machine à sous, son scotch posé sur le bandit manchot, à discuter avec tout le monde tout en jouant.

• En février 1979 j'ai reçu un coup de fil de Doug, son manager. Jusqu'ici le groupe n'était pas très rentable. Le premier album Motörhead, mélange de hard rock suractivé, accéléré et de punk-rock mi-Sex Pistols mi-Damned, les groupes préférés de Lemmy à cette époque, n'avait permis qu'un succès d'estime en plein délire punk. Il était paru chez Chiswick, un petit label indépendant situé juste à droite de l'entrée du métro Camden Town sur Kentish Town Road, dans la fabuleuse boutique de Ted Carroll, Rock On, où j'avais acheté mon exemplaire de "God Save the Queen" le jour de sa sortie car il risquait d'être retiré de la vente comme le précédent. Puis Doug avait décroché un contrat avec un autre label indépendant, Bronze Records. Leurs locaux étaient situés dans la cour de la Roundhouse, ma salle préférée pas loin de Camden. C'est là dans cette cour que Doug m'avait présenté Leo Lyons, formidable bassiste de Ten Years After, mon premier groupe fétiche d'ado. Il m'a aussi présenté Gerry Bron, le patron de Bronze, dont la crèmerie était distribuée par Warner, ce qui changeait complètement la donne et leur donnait une vraie dimension internationale. Je devenais soudain la clé du lancement du deuxième album du groupe en France, où Warner allait le diffuser en plus de l'Angleterre.

• Et ce matin-là, Doug m'a réveillé pour me dire de passer chez Lemmy chercher mon exemplaire d'"Overkill", deuxième album du groupe, produit par Jimmy Miller, producteur du chef-d'œuvre des Stones Beggar's Banquet. Lemmy partageait une baraque en coloc avec des anciens de Hawkwind dont Dik Mik. Sa rue était juste à côte de All Saints Road, à côté du studio de Basing Street où j'avais passé du temps avec le Clash et Marley qui enregistraient régulièrement là. All Saints Road était ce qu'on appelait la ligne de front, la Front Line (devenue le nom du label reggae de Virgin, qui sortait notamment les disques de Peter Tosh et des Gladiators en Angleterre). On trouvait dans cette toute petite rue un pub fréquenté par des Jamaïcains. La police n'avait pas le droit d'entrer sous peine d'émeutes (ce qui est arrivé à la ligne de front de Brixton un an après) dans ce quartier largement jamaïcain de Notting Hill Gate près de Portobello Road. Car dans ce pub en territoire perdu de la monarchie, des gars vendaient de l'herbe au kilo sans être inquiétés. Ils déballaient leurs sacs en papier pleins d'herbe sur les tables sans vergogne et sans crainte. On pouvait acheter tous les jours au meilleur prix. J'ai donc sonné chez Lemmy et Dik Mik m'a ouvert. La cage d'escalier était entièrement décorée par des motifs psychédéliques, des collages minutieux et dans la première piaule à gauche au rez-de-chaussée vivaient Philthy et sa rockeuse de choc, Motorcycle Irene. Ils n'avaient pour tout mobilier qu'un matelas au sol et un énorme python dans un vivarium posé à côté du lit. Phil m'a filé mon exemplaire flambant neuf de "Overkill" et je suis reparti en mob. L'album était une merveille ultra speed, un classique était né c'était évident, le groupe allait forcément devenir énorme et je l'ai bombardé album du mois de mars dans Best avec la bénédiction du rédac' chef, le regretté Christian Lebrun, qui comprenait vite et me faisait entièrement confiance. Album du mois dans Best en 1979 (180.000 exemplaires) ça t'assurait un décollage immédiat dans les ventes et c'est ce qu'il s'est passé. Sans trop me vanter j'ai donc carrément lancé Motörhead en France avec cet article-là et les précédents toujours en avance d'une rame de métro sur mes concurrents. Doug et Lemmy me l'ont dit et redit les yeux pleins d'amour et le groupe a commencé à vendre un paquet de billets de concerts au pays de Pétain.

• Quelques mois plus t**d, suite au succès de l'excellent Overkill le troisième album Bomber a surgi chez les disquaires. Comme pour me remercier pour services rendus, l'équipe de Motörhead m'a invité à un concert du groupe à Paris, au Bataclan. Doug Smith m'a appelé et m'a proposé de venir avec lui, de faire le déplacement Londres-Paname. Ça faisait loin pour un concert quand même. "Comment ça, en Hovercraft ? En train ? En avion ?" En ricanant Doug m'a expliqué que le patron des disques Bronze, Gerald "Gerry" Bron, était un passionné d'aviation, qu'il avait son permis de pilote et qu'il allait nous emmener à bord d'un avion privé ! "Et on te ramènera chez toi à Londres après le concert !" Ça ne se refuse pas. Deux jours après un copain mot**d, Nick, m'a conduit à toute allure sous le crachin jusqu'à l'aéroport de Luton, d'où décollent les petits avions de tourisme de type Cessna. Et on s'est envolés pour Le Bourget, voyage de trois heures sans histoires à bord du coucou à hélices de sept places. L'avion n'était même pas plein. Doug et Eve étaient devant moi, fallait du poids à l'arrière et je m'étais installé sur le siège arrière au milieu, sur les toilettes, avec un coussin sur le couvercle.

• On a pris un taxi au Bourget et on est arrivés en avance. J'avais prévenu mes potes de Paris et je les ai fait rentrer au concert gratis tu penses. On a bu un coup ensemble au bistrot devant la salle, sur le boulevard Voltaire. J'étais le héros du jour. Le Bataclan était déjà archi plein et on est monté dans les loges, celles-là même où se réfugieraient plusieurs victimes terrorisées des attentats de Paris le 13 novembre 2015, trente-six ans plus t**d. Le sémillant Lemmy nous attendait. On a commencé à discuter une seconde et au bout de deux phrases il a sorti un cran d'arrêt dans la loge et l'a fait claquer devant moi, comme menaçant, pour l'ouvrir. Il l'a plongé dans une petite enveloppe d'amphés, de la poudre jaune, du sulfate pur. D'une main experte le chanteur bassiste a placé un rail de poudre de speed dessus, me l'a mis sous le pif et, trève de bavardage, sans autre forme de procès, il a reniflé en me faisant signe d'aspirer ça en me bouchant une narine. Il a juste dit "go !". Difficile de dire non. Pourtant quelques semaines plus tôt j'avais fait un malaise suite à un rail offert par Graham son régisseur, en plein à un concert de Motörhead au Dingwall's. Je m'étais senti extrêmement mal et en pleine crise de tachycardie j'avais appelé Graham au secours carrément en montant sur la petite scène en plein concert pour l'alerter et lui demander quoi faire pour redescendre, au bord de l'apoplexie. Un ultra mauvais souvenir, j'avais cru mourir. Pourtant je remettais ça au Bataclan à l'initiative de Lemmy. Je me voyais mal refuser en une telle occasion et je n'ai pas réfléchi. Bon. Le concert a commencé dans la salle comble à un niveau sonore hyper élevé, comme toujours avec Motörhead. Au-dessus de la foule un grand bombardier mobile, en tubes d'aluminium, avait été installé pour le clou du spectacle, le nouveau single "Bomber". Il faisait très chaud et en quelques instants Motörhead au sommet de son art a totalement foutu le feu avec son hard rock supersonique, au tempo archi punk. La foule parisienne privilégiée était en délire. Bravo les gars.

• Mais la fête n'a pas duré longtemps. Le speed m'est monté à la cafetière et j'ai commencé à étouffer, tachycardie, chaleurs, malaise général, manque d'air, l'impression d'exploser, d'avoir bu cent cafés. Rien qu'à y repenser je ne me sens pas bien. J'ai voulu sortir prendre l'air, accompagné d'un pote français. J'ai commencé à perdre connaissance et je me suis effondré en me tordant de douleur sur le trottoir du boulevard devant le Bataclan. Un type de la sécurité a immédiatement appelé les pompiers et pendant que le groupe faisait l'enfer à l'intérieur je souffrais mille morts de cette dose bien trop forte d'amphétamines. Un cauchemar. Et me v'là avec un masque à oxygène sur un brancard, au plus mal. Sacrée soirée. Les pompiers voulaient m'emmener à l'hôpital mais j'ai refusé car il était prévu qu'on reparte à Londres directement après le rappel. Je suis resté sur le carreau un bon moment et un pote est sorti en courant avec les autres : "Bruno ! Bruno ! Lemmy vien de te dédier une chanson ! Il a parlé de toi il a dit que c'était grâce à toi s'il était sur la scène du Bataclan ce soir ! Il a répété ton nom ! C'était incroyable ! Toute la salle t'a applaudi et tout !" Moi : en train de crever d'une overdose sur le trottoir. Bon. Les pompiers m'ont injecté un vaccin anti-covid triple dose pour me calmer mais ça n'a pas été efficace. Les pompiers ont fini par repartir. J'étais encore très mal et j'ai titubé jusqu'à la salle, qui se vidait, en me tenant le cœur. Gerry, Doug et Eve sont arrivés aussi sec, l'air pressé, ils m'ont chopé par une nageoire et on a sauté dans un taxi qui nous attendait à trois mètres de là sans dire au revoir à personne. Je leur ai expliqué ma situation et ils ont un peu rigolé en s'en foutant. Il était déjà presque minuit dans le taxi et ils ont commencé à s'assoupir en route. Je trépidais dans la bagnole, toujours mal, hyper angoissé, faut dire qu'un rail de speed ça t'envoie les neurones en l'air pendant bien six ou sept heures et ce n'était que le début. On a embarqué dans l'avion en pleine nuit, sous une pluie battante avant-goût du climat habituel de Londres. Gerry Bron a décollé comme un chef dans la tempête qui se levait. Doug et Eve se sont endormis comme des brutes en cinq minutes tandis que je frétillais sur le siège des ch****es à l'arrière, à côté du panier de bonbons. Je respirais mal et l'angoisse, le sentiment de mort imminente ne m'avaient pas quitté. Mon cœur battait à toute allure depuis bien deux ou trois heures et j'étais seul dans cet œuf, presque dans le noir, à des kilomètres d'altitude, au bord de la panique. J'avais ouvert l'arrivée d'air au-dessus de moi mais le malaise ne me quittait pas. Ma tête tournait à mille à l'heure, en plein délire amphétaminé.

• Puis jaillit un éclair. Il y a eu un trou d'air. On était entrés dans un énorme nuage orageux et l'avion commençait à secouer terriblement. Le pilote, tout patron de Bronze qu'il était, avait fort à faire pour garder le cap sans partir en vrille et ça bougeait très fort là-haut au-dessus de la Manche. Il était minuit passé dans le cosmos et je ne me suis jamais senti aussi seul de ma vie. Gerry discutait avec la tour de contrôle, casque sur la tête et je sentais bien qu'un truc n'allait pas. L'avion faisait des bonds énormes, j'ai défait ma ceinture de sécurité comme un imbécile et je me suis avancé vers le siège du pilote pour voir ce que je pouvais, bringueballé par les soubresauts de l'avion. Gerry m'a hurlé de me rasseoir, que je déstabilisais son zinc. Je me suis rassis à toute allure dans la tourmente et j'ai regardé par le petit hublot du siège arrière. Il y avait des éclairs dans tous les sens, toutes les dix ou vingt secondes je ne sais plus. Je suffoquais, malade de peur et d'angoisse, les nerfs électrisés par le pu**in de speed de Lemmy. Doug et Eve se sont réveillés et ont tout de suite compris qu'on était en danger. Les trous d'air ne se comptaient plus. L'avion était balloté dans des courants d'air énormes et, trop lent avec sa petite hélice, il n'arrivait pas à se maintenir droit à travers les bourrasques. J'entendais la voix du pilote perdre son calme. Les éclairs me faisaient très peur, ils étaient permanents. J'ai vraiment cru mourir. J'ai entendu un coup de tonnerre extrêmement violent, j'ai cru que c'était la fin. Doug tenait sa nana dans ses bras. Je redoutais surtout qu'un des éclairs frappe l'avion. Chaque éclair me faisait bondir, la pluie claquait et défilait sur les vitres, je pense qu'il y avait peut-être de la grêle, j'essayais de respirer, je transpirais, j'avais lu tout Tanguy et Laverdure, tout Dan Cooper et tout Buck Danny et je te garantis que je savais ce que c'était qu'un cumulonimbus et ses dangers quand on entrait dedans par mégarde ! Ça a bien duré une demi-heure de terreur, d'effroi et on est brusquement sortis du nuage. Le vol a repris presque normalement avec stabilité. Le pilote avait bien assuré, il savait ce qu'il faisait faut croire. Ouf et re-ouf de ouf.

• Mais j'étais toujours aussi mal à cause du rail d'amphés. Eve et Doug se sont rendormis sans dire un mot. Les éclairs s'éloignaient mais ils continuaient. Au bout d'un long moment j'ai fini par comprendre qu'en réalité les éclairs qui me terrorisaient étaient les feux de position orangés situés au bout des ailes, qui s'allumaient à intervalles réguliers pendant une fraction de seconde !!! Il y avait bien eu de vrais éclairs mais dans le nuage les feux de position se reflétaient sur le blanc de la brume, ils prenaient une intensité bien plus grande et dans mon affolement je les avais pris pour des éclairs d'orage et je confondais tout ! Toujours au bord de la tachycardie, dévasté par la frayeur et la dose trop forte de came que j'avais inhalée, une fois à Luton on a pris un taxi avec Eve et Doug, qui se foutaient pas mal de mon état lamentable et se câlinaient en somnolant dans leur coin. Je ne voulais plus qu'une chose : dormir. On est rentrés sous une pluie londonienne de routine. Finalement je me suis couché en plein milieu de la nuit chez moi, dans le squat de Private Vices à Abingdon Road. Évidemment avec ce que je m'étais torché dans le cornet impossible de dormir. J'ai fumé un cône pour voir. Ça m'a mis encore plus mal. J'ai passé une nuit blanche atroce, vraiment. Le lendemain pas moyen de dormir. La nuit suivante : toujours pas moyen de dormir. Je me suis effondré au bout de deux jours en plein après-midi, et encore je ne dormais qu'à moitié. Par contre la gamberge ça y allait. Depuis cette nuit d'horreur "Bomber" est tatoué dans ma tête. L'album s'est très bien vendu. Motörhead était en train de monter au grand sommet. J'étais du voyage, à bord du bombardier. Tu peux être sûr que Lemmy n'a pas dû dormir beaucoup pendant la tournée triomphale de 1981, deux ans plus t**d, qui a duré un mois. Elle s'est achevée à l'Hammersmith Odeon, salle emblématique de la consécration du rock anglais et l'album en public qui en a été tiré porte bien son nom : No Sleep 'Til Hammersmith.

Bruno Blum, 25 février 2024

Photo © Bruno Blum

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