Fonlid

On a pour mission de contribuer à l'émergence d'une masse critique de citoyens responsables, éclair

31/03/2023

Des mesures urgentes pour le rétablissement de la sécurité publique en Haïti.

Les causes et sous causes de la détérioration du climat sécuritaire du pays.

1. Dissolution inopportune des Forces Armées d’Haïti et le règne d’une gouvernance politique dilettante et atomique

2. Création improvisée et prématurée de la PNH en 1995

3. Absence, dès sa création, d’une puissante unité spécialisée en antigang au sein de la PNH,

4. Inadéquation entre l’effectif de la PNH et la taille de la population, 9000 à 12000 policiers pour 11 millions habitants

5. Incapacité de la PNH à remplir les missions dévolues aux Forces Armées

6. Désintéressement des paysans haïtiens pour la culture de la terre

7. Absence de la mise en œuvre d’un plan d’aménagement du territoire

8. Absence totale de services publics essentiels et d’autorités étatiques dans les quartiers pauvres et reculés du pays,

9. Culture d’impunité chronique

10. Acculturation à l’occidental

Ces causes étant énumérées, pour combattre la criminalité de manière durable, l’État doit adopter urgemment les trois catégories de mesures suivantes : des mesures de régulation, des mesures de services et des mesures monétaires.

Les mesures de régulation.

1- Réguler par des lois, décrets et arrêtés tous les liens de dépendance, d’interdépendance et de cohérence entre les différents paliers du système sécuritaire en Haïti afin de définir et d’harmoniser les relations entre ses divers acteurs (Ministères de la Défense et de la Justice, tuteurs respectifs des forces armées et de la police) ; et de fixer les responsabilités de tous les intervenants dans le cadre du maintien d’ordre et la lutte contre la criminalité.

2- Former une commission mixte (Ministère justice, Ministère défense, Ministère intérieur, PNH et société civile) devant mener à terme le désarmement.

3- Organiser des colloques entre la justice, l’administration pénitentiaire et la PNH sur la nécessité d’harmoniser la chaine pénale vers de meilleurs résultats dans le cadre de la lutte contre la criminalité.

4- Revoir la règlementation sur la possession d’armes à feu et leur légalisation.

5- Etablir une entente intercommunale pour la mise en réseau des systèmes d’enregistrements et d’identifications des motos.

6- Adopter des mesures pour permettre à la DAP d’accomplir sa mission de garde et de réhabilitation avec efficacité.

7- Prendre des mesures afin d’identifier, arrêter et sanctionner sévèrement tous les policiers, militaires et acteurs judiciaires dont les cas de corruption s’avèrent probants.

B- Mesures de services

1- Elaborer, planifier et mettre en œuvre un plan global de redressement de la situation sécuritaire du pays, incluant l’assistance technique et logistique d’une force armée multinationale dirigée par un pays africain, et l’activation des FADH dans la lutte contre l’insécurité. Ce qui implique :
a) Le déploiement d’une Force armée robuste dans toutes les zones rouges pour contraindre les bandits à abdiquer ;
b) La reconquête de tous les commissariats et sous commissariats abandonnés ;
c) Le rétablissement d’une présence permanente des forces de l’ordre dans les quartiers défavorisés.

2- Responsabiliser l’Etat jusqu’à la plus petite unité administrative (ASEC, CASEC, Mairie) dans la prise en charge de la sécurité, en rattachant ces entités à la mise en place d’une équipe active et organisée de renseignement nationale.

3- Renforcer et mieux encadrer l’Unité Tactique Antigang (UTAG) et l’équiper de manière suffisante en effectif et matériels de sécurité adéquats afin de l’intégrer dans le plan à court terme dans la lutte contre la grande criminalité.

4- Elaborer, planifier et implémenter un programme d’épuration de la PNH et parallèlement prendre des mesures pour augmenter l’effectif de la PNH.

5-Prendre progressivement le contrôle des aires frontalières et y établir un système de contrôle efficace permettant de contrecarrer toute sorte d’invasions et d’effractions en lien avec la criminalité.

6- Mettre en place une commission de désarmement et de réinsertion ayant pour taches de :

a) Informer et sensibiliser toute la population sur l’importance d’une campagne de désarmement pour le renforcement de la sécurité publique (réseaux sociaux, radios, télévision).

b) Élaborer et mettre en œuvre un plan de désarmement total à l’intérieur du pays avec l’accompagnement des partenaires internationaux au moyen d’un processus d’échanges monétisés des armes illégales.

c) Aider au démantèlement des gangs irrécupérables en facilitant l’identification et la capture de ces derniers.

d) Accompagner toute politique de prévention de la criminalité à travers l’éducation, l’insertion sociale et l’amélioration des conditions de vie de la population, en développant dans les quartiers défavorisés des activités génératrices d’emplois, ( sports, loisirs, etc) .

7- Professionnaliser le corps de la PNH selon les standards établis en fonction des besoins de maintien d’ordre, d’intervention spécifique dans les ghettos et de la lutte contre le grand banditisme.

8- Construire un espace additionnel ou agrandissement de l’espace de formation et d’entrainement des agents de la police dans une optique d’augmentation de sa capacité d’accueil, de formation et d’entrainement des nouveaux recrus de la PNH.

9- Assurer la délocalisation des prisons situées à proximité de grandes agglomérations à forte concentration de population (prison d’Arcahaie, Pénitencier National, les prisons logées en plein cœur des grandes villes de province comme Cap-Haitien, Jacmel, Hinche, ect.).

10- Construire 4 prisons régionales de 5000 places chacune (Ouest, Centre/Artibonite, Nord et Sud) en complémentarité des autres prisons opérationnelles existantes.

11- Mettre en place la police administrative communale à laquelle il est fait référence dans le décret de 2006 portant organisation et fonctionnement de la Municipalité et son utilisation pour le contrôle des mouvements de population d’une municipalité à l’autre.

12- Contrôler à la trace la circulation des motos, principal engin utilisé dans les actes de criminalité.

13- Créer une brigade spéciale anti délinquante pour combattre et freiner les mauvaises pratiques de vie des enfants des rues et des chargeurs d’auto dans les grandes villes.

14- Intégrer des programmes réguliers de formation professionnelle pour les jeunes dans les prisons.

C- Mesures monétaires.

1- Défendre une meilleure enveloppe budgétaire dédiée à la lutte contre la criminalité.

2- Assurer la création d’un service de renseignement national fonctionnel et efficace par la combinaison des ressources financières budgétisées dans un fond unique qui sera géré par une commission task force (MICT, MJSP, Primature, PNH).

3- Augmenter des crédits budgétaires alloués à la PNH de façon proportionnelle à l’effectif additionnel recruté.

4- Créer une taxe d’immatriculation des motos payable annuellement.

5- Fixer des amendes pour des motos circulant dans les aires d’interdiction délimitées.

6- Améliorer les conditions de revenus des acteurs de la chaine pénale par une révision de crédits budgétaires alloués à cet effet.

7- Subventionner les activités pour accompagner la réinsertion des jeunes les plus vulnérables dans la vie courante.

Oriol CHARLES

Photos from Fonlid's post 18/03/2023

La dimension mystique de l’organisation : entre sorcellerie et métapolitique.
Il est à peine 7h30 du matin et la nouvelle s’ébruite comme une trainée de poudre enflammée au niveau du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE). Le personnel de soutien a été pris de panique en découvrant des objets couramment associés «ak koze wanga» ou encore à de la magie noire. Deux cornes de bœuf, une petite calebasse, un morceau de canne à sucre, des patates boucanées, des grains de maïs disposés dans un ordre symétrique sont placés devant les bureaux du ministre pendant qu’un morceau de tissu rouge scella la porte donnant accès à la Direction Générale. Les avis demeurèrent partagés au sein du MPCE. Certains n’y ont vu qu’une grosse farce alors que d’autres ont cru fermement qu’il s’agissait de véritables rapports de force entre le ministre et le directeur général. Cette scène s’est enregistrée le 24 mai 2019.

Aucun membre de la Haute Direction du MPCE n’a pu donner une explication. Et les employés du MPCE s’attendaient impatiemment à des retombés mystiques dans l’un ou l’autre camp. Mais il n’en fut rien jusqu’au remplacement des deux autorités.

Quatre années après, avec beaucoup de recul et d’analyse des faits, «se dyab ki tap fè dyab pè» ou encore il s’agissait d’une forme d’intimidation. Mais quoi qu’il en fût, cela n’enlève rien à la dimension mystique de l’organisation qui, pour la première fois au niveau du MPCE semblait indiquer une exacerbation des rapports de forces et la manifestation des rapports politiques éminemment opposés. Et il était très courant d’entendre à voix basse l’histoire des cérémonies vodou organisées par tel ministre dans l’enceinte même du bâtiment dans l’idée de maintenir le portefeuille ministériel de la planification. Cela ne concernait pas uniquement les ministres ou directeurs généraux, certains employés (catholiques, protestants, vodou) se livraient également ou se livrent encore à ce genre de pratiques lorsqu’ils se sentent menacés par d’autres plus performants ou qui leur font ombrages. La pratique des «kout poud» sur les lieux de travail, peuvent occasionner parfois l’abandon de poste. Certaines pathologies peuvent paraître anodines mais cachent au fond de véritables attaques mystiques. Les faibles peuvent y perdent leurs vies : «yo manje yo nan travay la oswa yo pouse do yo nan travay la».

Cette dimension mystico-politique de l’organisation ne date pas d’hier. Milo Rigaud (1953) avait déjà établi un lien entre les personnages politiques des plus hautes sphères politiques de l’Etat d’Haïti et leurs manières d’utiliser le vodou ou les forces mystiques dans des conflits les opposants à leurs adversaires. Par exemple, le président Geffrard a dû requérir l’aide mystique de lakou Souvenance (Gonaïves) pour évincer Soulouque et accéder au pouvoir.

Laennec Hurbon, dans son intervention du 6 octobre 2004 titré « le vaudou dans l’histoire » disait que le vaudou apparaît comme une matrice dans l’interprétation des événements politiques, comme dans les événements naturels d’ailleurs. Il rapporta que Boyer (Président d’Haïti de 1818 à 1843 - renversé), à son départ, aurait laissé un fétiche dans le palais pour que plus personne ne puisse durer longtemps après lui. Effectivement les chefs d’état ne sont pas restés plus de trois mois ! Plusieurs d’entre eux ont été obligés de partir !

S’agit-il de pures superstitions aptes à amplifier la croyance des naïfs ou doit-y lire des comportements normaux et constitutifs de la partie invisible dans la gestion politico-administrative du pays ?

Von Barloewen (2003), dans son exposé sur la Metanoïa, a présenté un concept moderne pour expliquer justement cette dimension mystico-politique. C’est le métapolitique. D’après lui, «le concept actuel du politique, tel qu’il domine le discours, se limite à des questions liées à l’État moderne, s’enferme dans un cercle vicieux et voit exclusivement dans la politique le moyen de conquérir et de préserver la souveraineté et le pouvoir. Le métapolitique va beaucoup plus loin, il se situe au niveau de la transcendance du politique, sans réduire le politique au purement religieux... Il tente d’abolir la séparation entre l’activité politique et la vie en tant que tout, et devient un carrefour, un point de rencontre…. Le métapolitique prend toute son importance dans une sagesse consistant à comprendre que le politique ne peut pas être séparé du religieux, que tous deux constituent un tout…Aucune idée de l’être humain n’était viable sans identité politique et religieuse.»

Que faut-il comprendre de tout ceci en comparaison avec les faits évoqués plus hauts au niveau du MPCE ?

En réponse, cet alliage entre la politique, la magie/sorcellerie et la gestion des affaires publiques est tout à fait normal mais la différence réside dans la vision et l’orientation guidant les actions.

Pour mieux comprendre ce lien existant entre la magie (les faits mystiques) et la politique en Haïti, voyons la sphère d’application de ces deux concepts. D’abord, la magie se définit « comme opération visant à agir sur la nature par des moyens occultes qui supposent la présence, soit d’esprits, soit de forces immanentes et extraordinaires » (Claude Rivière, 3ème édition, 2013). Cela suppose avant tout une croyance en la magie et aux êtres surnaturels et cela préjuge que le monde réel était lié aux forces d’érosion du monde onirique » (Von Barloewen, 2003).

Qu’en est-il maintenant du concept politique ? L’auteur Louis CÔTÉ dans son ouvrage «l’Etat Démocratique, fondements et défis » considère « la politique comme une mise en forme et mise en sens de la coexistence humaine…Il apparait pour la première fois dans l’histoire de l’humanité dans les cités de la Grèce Antique ». Avec la montée de la civilisation classique ou celle du Logos, une décantation entre la magie et la politique fut opérée. Ainsi, « les philosophes helléniques remplacèrent des formes de pensée mythiques par des théories fondées sur l’observation et la compréhension rationnelle » (Von Barloewen, ibidem). Dans cette vision, la vie humaine n’a plus d’essence divine mais plutôt découle d’un long processus d’évolution qui « paracheva la vision mécaniste du monde qu’avait brossée la physique classique » (ibidem).

De ces éclaircissements, il faut d’emblée décanter les pratiques dites «Méta-politiciennes» de celles mystico-politiques telle que pratiqués par les autorités publiques haïtiennes après la mort de l’Empereur Jacques 1er en 1806. Arthur Holly (1928) fut l’auteur qui traduisit le mieux cette Metanoïa politique haïtienne. En effet, il a mis en évidence «la discipline théocratique de tous les Héros, Fondateurs de l’indépendance haïtienne. En effet, Toussaint Louverture [se trouvait] sous le règne de Saturne dont il perpétuait la pierre au su de tout le monde. Ensuite, Dessalines, incarnation de Mars, portait toujours sous son bicorne l’emblème sacré de ce génie de guerre. Les « Bras Forts » de Mars étaient avec lui. Enfin, Christophe, nature complexe, s’attribuait l’inspiration venant de Mars et surtout du Soleil dont il cherchait la splendeur et la gloire royales. Ils furent, ces triumvirs africains, des têtes puissantes dans l’accomplissement de leur mission de libération par la force.

En conséquence, parler de métapolitique haïtienne c’est se référer à ces personnages historiques qui ont primé l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel en ouvrant leur cause non à leur ego mais à l’universalisme. Ces héros ont ouvert le cycle de l'abolition de l'esclavage des noirs dans le Monde entier. D’autres pays ainsi que leurs dirigeants se sont inspirés de leurs hauts faits d’armes. Karl Marx, dit-on, s’est inspiré de l’idéal Dessalinien et la guerre du Viêt-Nam a été gagnée par les vietnamiens grâce aux techniques de guerre inspirées du génie militaire des généraux Toussaint, Dessalines et Christophe.

La métapolitique haïtienne s’estompa à la mort de l’Empereur Jacques 1er en 1806 pour donner place à cette forme de pratique mystico-politique qui n’est que son pâle reflet ou l’envers du décor. Les esprits ou loas vodou sont consultés à titre de conseillers pour la résolution de problèmes politiques épineux et les options de développement économique et sociale du pays étaient et sont rarement ou peu mises en discussion dans le monde invisible des esprits. L’accession et le maintien au pouvoir demeurent les seuls objectifs. Et ceci est tout aussi valable pour les aspirants ministres, directeurs généraux de l’administration publique.

Les rapports de force sont donc avant tout mystiques avant d’être politique. Il ne suffit pas uniquement aux candidats de préparer une belle et bonne campagne présidentielle, il faut aussi se concilier l’apport des esprits (bons ou mauvais). De ce fait, l’utilisation de la magie ou la sorcellerie dans l’administration publique haitienne est une réalité à ne pas négliger et qui requiert des corrections et une autre orientation beaucoup plus positive. Il faut donc que les acteurs politiques haïtiens retournent à la métapolitique axée sur le bien-être collectif ainsi qu’une vision hégémonique humaniste, les seules options capables de redonner vie à l’Etat et de faire retrouver les couronnes perdues d’Haïti.

Marie Florance JEAN PIERRE, MAP

04/03/2023

Gouvernance : Le principe de responsabilité dans la gestion publique

La gestion publique en Haïti fait aujourd’hui l’objet d’une remise en cause profonde. Malgré la pression exercée par certains groupes organisés de la société civile, des forces réfractaires constituées des médias de masse, de l’opinion publique et de classe politique traditionnelle refusent de prendre des dispositions pour adresser les problèmes de fonctionnement de l’État Haïtien qui est en situation de déconfiture totale. Nous pouvons observer de nos jours et à répétition des actes scandaleux de corruption, des dérapages exceptionnels par des hauts fonctionnaires, des officiels et des parlementaires.

Les motifs des inculpations de mandataires publics varient d’une infraction à l’autre: corruption, abus de biens sociaux, faux et usages de faux, infractions à la loi sur les marchés publics, infractions à la loi sur la comptabilité, entraves à la liberté des soumissions, prise d’intérêt dans des actes publics, etc. Cependant, une concentration trop exclusive sur les infractions commises et incriminées ainsi que les poursuites judiciaires lancées contre une poignée d’entre eux risque de centrer trop exclusivement l’attention sur la question du contrôle juridique des actes posés au détriment de la question plus générale de l’efficience et de la responsabilité.

De fait, les enquêtes et les audits révèlent, de façon quasi systématique, des déficiences qui, si elles ne sont pas formellement punissables, entraîneront un gaspillage de fond public de manière parfaitement légale.

Ces enquêtes et audits indiquent de graves lacunes en matière de gestion : conflits de loyauté, confusion d’intérêts, organisation déficiente, absence de contrôle de gestion, recrutements arbitraires, compétences inadaptées, comptabilité déficiente, manque de productivité, absence d’évaluation, déficit de communication, infrastructure informatique obsolète ou inexistante, etc. Ces constats ou scandales ne s’observent pas seulement dans une frange institutionnelle mais plutôt à des degrés divers dans l’administration publique haïtienne. Au-delà du respect des prescrits légaux, la question de la performance des services publics est posée, et donc nécessairement la question de la responsabilité des mandataires sur la performance. Ces deux questions sont complexes, elles font appel à des réponses nuancées, progressives, adaptées aux divers contextes institutionnels.

On ne saurait méconnaître ni sous-estimer la portée des réformes qui sont d’ores et déjà en gestation, par exemple : Programme-Cadre de Réforme de l’État (PCRE), Programme de Modernisation de l’Etat (PME) 2018-2023, Réforme des Finances Publiques et Gouvernance Économique, loi créant le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. À l’évidence, les avancées sont nombreuses, il reste que la gestion publique demeure empêtrée dans une série de paradoxes qui limitent la portée des réformes en cours. Par exemple :
• la volonté du pouvoir politique de responsabiliser l’administration, mais sa répugnance à remettre en cause le rôle des cabinets ministériels et la surpolitisation de l’administration ;
• la volonté de moderniser l’administration, mais la répugnance à objectiver la performance collective et individuelle ;
• la volonté de renforcer la gouvernance, mais la répugnance à évaluer les politiques publiques ;
• la volonté d’objectiver les recrutements, mais la permanence des nominations politiques via l’engagement de contractuels ;
• la volonté de développer les compétences des fonctionnaires, mais la répugnance à conditionner nominations et promotions à des critères effectifs de compétence ;
• la volonté d’évaluer les agents, mais la répugnance à les sanctionner positivement et négativement.

Ce genre de paradoxes indique l’existence de verrous qu’il faudra tôt ou t**d sauter si l’on veut relever le défi de la bonne gouvernance. Il n’est pas exagéré d’avancer l’hypothèse que l’administration publique haïtienne, à travers la diversité des réformes qu’elle a connues ces dernières années, s’est globalement soustraite au principe de performance. Quant à la classe politique, elle n’a pas encore pris toute la mesure de sa contribution historique au malaise de l’État (la démocratie dans tous ses états, Bruylant-Academia, 2000).

De nos jours, l’approche de la libéralisation du marché laisse croire que la performance et la responsabilité relèvent du domaine du secteur privé et nullement de la fonction publique. Cette approche a pour conséquence la difficulté de mesurer la performance dans la fonction publique et entraîne une non reconnaissance des responsabilités chez les acteurs qui supportent dans une moindre mesure les conséquences de leurs actions. La difficulté d’évaluer la performance en raison des objectifs multiples mais aussi du partage des responsabilités suggère l’idée d’une limitation égoïste de la décision publique au profit d’intérêts particuliers (favoritisme, lobbying…) Il devient donc plus difficile de sanctionner de mauvaises décisions ou un manque d’effort au travail.

L’efficacité dans la fonction publique devient aujourd’hui une nécessité plus qu’un choix politique dicté par une forme de libéralisme. Le temps des gaspillages est révolu. L’erreur que l’on commet souvent est de concevoir cette concurrence comme une menace et non comme un stimulant.

La gestion publique passe inévitablement par le développement de nouvelles formes d’évaluation. Cela suppose une professionnalisation et une indépendance des évaluateurs qui doivent trouver le soutien institutionnel nécessaire et cela dans des contextes de transparence qui les mettent à l’abri des pressions du jeu politique ou administratif susceptibles de les fausser. En plus, cela suppose la circulation d’une information plus pertinente qui assure une communication optimale entre l’administration publique, le monde politique et les citoyens.

Responsabiliser les agents publics suppose obligatoirement une prise de conscience sur l’importance du service public au profit du bien-être collectif. Nous sommes tous en train de vivre les pénibles conséquences de la pratique de l’intérêt individuel des hauts fonctionnaires de l’Etat sur la vie nationale (insécurité, kidnapping, gangs armés, inflation économique, fuite des cerveaux etc).

Plus que de lynchages médiatiques, notre pays a besoin d’une compréhension de ces logiques de mauvaises gouvernances et ses conséquences, d’une intelligence capable d’apporter des réformes appropriées et des hommes et femmes capable d’assumer la responsabilité de leurs gestions pour un Etat renouvelé et des résultats face à la nation haïtienne. La question de la bonne gouvernance publique doit être la préoccupation urgente des décideurs politiques. Elle doit s’imposer dans l’agenda de futures autorités du pouvoir Législatif, du pouvoir Judiciaire et de l’Exécutif.

Jean Robert GAY,MAP
Oriol CHARLES, MAP

17/02/2023

Entre idéologie du développement et les conditionnalités de l’aide externe.

Le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), suivant la mission qui lui est attribuée par le décret de février 2016 portant organisation dudit ministère, a pour mission de conduire, d’animer et de piloter le processus de planification du développement économique et social du pays ; de mobiliser les ressources externes et d’en assurer la coordination à travers les différentes structures sectorielles en support à l’effort national de développement. . De par cette prérogative, chacun peut se questionner sur les résultats au constat chaotique tant sur le plan économique que social. Le MPCE a échoué dans sa mission. Cet échec est imputable à quoi ou à qui ?

La mise en lumière de deux paramètres importants permettra une meilleure compréhension de l’état actuel du pays. Il s’agit des turbulences politiques et institutionnelles et l’absence d’une idéologie politique du développement national.

Les turbulences politiques et institutionnelles

Le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), ci-devant, Conseil National de Développement et de Planification (CONADEP), Secrétairerie d’Etat au Plan (SEP), a toujours été une institution régalienne en charge de la définition des grands plans stratégiques de développement d’Haïti, ce dès sa création. Qu’il s’agisse de plans quinquennaux, de plans de développement départementaux et du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), cette entité constitue la pierre angulaire de l’appareil institutionnel de l’Etat. Elle fut la promotrice de plusieurs études, entre autres, (Projet de Mise en Valeur du Plateau Central/1977 ; Stratégie de développement urbain / Février 1982, Région et stratégie de développement régional / Octobre 1984 ; Grandes orientations stratégiques/avant 1990).

Suite à l’adoption de la loi sur la régionalisation et l’aménagement du territoire en 1982, plusieurs organismes régionaux de développement dotés de la personnalité juridique et jouissant de l’autonomie administrative et financière furent crées et /ou renforcés. Ce sont : .

- l’ODBFA (Organisme de Développement du Bassin du Fleuve Artibonite) le 15 Novembre 1982 ;
- l’ODNO (Organisme de Développement du Nord-ouest) le 22 Novembre de la même année.
- l’ODVA (Organisme de Développement de la Vallée de l’Artibonite) créé en 1946, mais réactivé en 1971 dans l’idée de promouvoir le développement rationnel de la vallée de l’Artibonite du point de vue social et économique ;
- l’ODPG (Organisme de Développement de la Plaine des Gonaïves) en 1972, ayant pour but le développement auto-entretenu de la plaine des Gonaïves ;
- l’ODN (Organisme de Développement du Nord) créé en 1976 avec pour objectif d’étudier un projet intégré de développement de la région Nord devant servir de zone d’expérimentation à la politique régionale du plan quinquennal 1976-1982.

Si cette institution a pu jouer un rôle central dans la définition des grands plans et projets de développement du pays, jusque vers les années 1980, son prestige fut obscurci suite à une série de dégénérescence remontant vers 1986, provoquant même sa fermeture temporaire pour restructuration. Les troubles économiques et surtout sociopolitiques y ont largement contribué.

Fort de ces constats, le MPCE, en tant qu’entité régalienne de l’Etat, a atteint un seuil critique de déflagration et de déstructuration jamais égalé auparavant. Aucune mesure superficielle ne pourra colmater cette cicatrice béante d’autant plus que cet environnement interne reste pollué par des problèmes qui surgissent de l’extérieur, à savoir, du système étatique lui-même.

L’absence d’une idéologie politique du développement national.

Dans un souci de cerner tous les contours de cette crise profonde au sein du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, une série de consultations a entrepris auprès des archives vivantes de l’institution. Ils ont été unanimes à admettre l’influence néfaste de l’international dans le fonctionnement du MPCE. Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) ont toujours fixé des conditionnalités auxquelles le ministère et par extension le pays n’ont jamais pu tirer de véritables profits. Dans ce cas précis, voici littéralement les propos d’un de ces archives vivants consulté sur ce point.

En effet, il croit « que le MPCE a perdu repères et capacités depuis 1980. Personne (tant du secteur public que du secteur privé n’a pensé à l’évolution des Ministères en général et à celui de la planification et à la coopération externe avec les nouvelles donnes nationales et internationales. Haïti est entré de plein fouet dans le programme néolibéral sans redéfinir ses objectifs et la fonction de planification en 1980 (contenu et valeur réelle). C’est pourquoi, avec un cadre chevronné ils ont créé le Commissariat du Plan. A un certain moment, à l’exception de la programmation des projets, plus d’un se demandait á quoi servait le MPCE ?
En 1989, ils ont créé le MPCE et un autre cadre du Plan devint Ministre : Théophile Roche . De 1986 á 2018, la plupart des directeurs généraux étaient des anciens cadres….pourquoi on a eu ce que vous qualifiez d’« échec » ?
Pourquoi depuis 2012 on parle de la disparition du MPCE ? Pourquoi au fil du temps le MEF a tant grignoté sur les prérogatives du Ministère ?
Qui s’occupe des agrégats macro-économiques : La Direction des Etudes Economiques du MEF et la BRH ou la Direction de la Programmation Économique et Sociale (DPES) du MPCE ? Depuis 1983 autant que je me souvienne c’est le MEF via cette direction économique avec Georges Henri fils.
Je dirai qu’il manque trois points importants voire essentiels pour une compréhension nette des institutions haïtiennes en général et le MPCE en particulier :
a) la périodisation et les différents contextes caractéristiques ;
b) les réalités internationales (Haïti est un maillon du système économique mondial) ;
c) Le MPCE est une institution d’Etat, il ne constitue pas un organe en dehors du contexte national : cela n’existe pas. C’est une institution faisant partie intégrante des appareils d’Etat donc qui évolue avec le contexte national et l’administration publique en général.

La problématique de l’évolution des institutions n’a pas été prise en compte ainsi que les nouvelles modalités de gouvernance qui sont quasiment incontournables».
De ce qui précède, il est clair que le MPCE n’a jamais pu dégager ou du moins définir une base idéologique et doctrinale nationale sur laquelle devraient se reposer tous les Plans, Programmes et Projets de développement. Par conséquent, le pays ne dispose d’aucune boussole idéologique de planification du développement, pris dans le sens de fondement des représentations sociales et culturelles partagées par la population. Après tout, pour répéter l’autre, aucun pays ne peut se développer en dehors de sa culture. De fait, le principe de «Qui finance commande» est appliqué par les bailleurs internationaux.

Certains prétexteraient qu’il n’appartient pas au MPCE de définir une idéologie ni une doctrine du développement mais plutôt les gouvernements ? Pris sous cet angle, le cercle devient interminablement vicieux et le problème demeurerait entier. La majorité de nos dirigeants ont été imposés par l’international et dont ils sont obligés de suivre les dictats. Doit-on revisiter la première constitution impériale de 1805 ? Ou décidons-nous de prendre les taureaux par les cornes ?

Le MPCE est la seule institution régalienne, actuellement, ayant pour mission de conduire, d’animer et de piloter le processus de planification du développement économique et social du pays. Il serait opportun de penser à compléter sa mission qui est tout aussi bien de définir cette idéologie du développement et de l’insuffler à l’ensemble des secteurs ministériels pour une mise en synergie des actions.

Décret de février 2016 portant organisation du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (SYMPCE)
Syndicat du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (SYMPCE) : Grandes Réflexions : Les dimensions sociales et ses impacts négatifs au sein du MPCE, juillet 2020
Syndicat du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (SYMPCE) : Position du SYMPCE sur la situation générale du MPCE, janvier 2019
Marie Florance JEAN PIERRE
MAP

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Compassion & Help For Haiti is a non-profit organization based in Petion-ville that aims to help the oppressed. Our sector extends to the handicapped, to the orphans, to the old p...

Haiti Perspectives De Developpement- Hpd  - HPD Haiti Perspectives De Developpement- Hpd - HPD
Port-au-Prince

L'organisation a pour mission de travailler avec des jeunes de la societe Haitienne en vue d'apporter sa pierre a l'Haiti reformee qu'il est imperatif de penser. Champ d'action: P...

CRU - HAITI CRU - HAITI
Port-au-Prince, HT8110

La Grande Commission

Fanmi ofunos Fanmi ofunos
Thomassin
Port-au-Prince

Formation pour les familles dans tous les domaines

Ayiti ka vanse AKV Ayiti ka vanse AKV
Port-au-Prince

Organisation sociale ayant pour mission de travailler au mieux être de la communauté Haïtienne sur le plan éducatif, alimentaire et autres

Pesadev Pesadev
2, Rue Cactus, Tabarre 70
Port-au-Prince, HT6124

Perspectives pour la Santé et le Développement (PESADEV) est une Organisation haïtienne à but non lucratif dont la mission est de combattre la pauvreté et promouvoir le développeme...