Journal du Gardien des Horizons
Présentation et extraits du recueil de poésie Le Journal du Gardien des Horizons.
Le Journal du Gardien des Horizons, un mythopoème de Catherine Boudet inspiré des mythes du Kumari Kandam et de la Lémurie.
15. PRÉPARATION À LA CHUTE (2)
Sous la surface lisse
C’est tout un peuple
Qui s’exerce à la déchéance
Qui accueille l’imposture
Dans ses habits de fête
Qui suffoque sous les prédications
Ô les grandes mélopées
Dans la rigueur des pierres
La peau de nos aimées
Tout un siècle avait fui, la louange du ciel mordait accusatrice le long des crépuscules. Et nous attendions les pluies de mousson, l’opulence, nos mains raclant le ciel
La nuit jubilatoire
La nuit charnue comme une parturiente
Toutes nos précautions vaines pour retrouver l’azur
Tympanisée dans le calcul des ors
Peau par peau la mer se retire
La nuit s’ébroue
Dans sa lourdeur de femelle en gésine
Et nous traînons notre orgueil
Comme une taie morte
Sur le lac de nos yeux.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
15. PRÉPARATION À LA CHUTE (1)
Peu d’espoir désormais de vivre nus et démystifiés. La honte nous étrangle, des meutes de culpabilité se hissent sur nos dépouilles, on nous prépare à la Chute.
Certains, entretenant l’illusion, se hâtent à revêtir leurs parures auctoriales. On veut réécrire la nation depuis ses commencements.
Chacun est porteur de son propre exil
Et nos esclaves dansent
Un silence magnétique préside à toute chose
Que ce temps est précaire
On nous a tant parlé de genèses
Cette malversation de la pensée
Où sont les ruelles qui fondent nos mélancolies ?
Dehors c’est la course à la fortune
Les bouches sèches, la vie ensorcelante
La fabrique des mythes
Des actes de voracité pour un désir de contrebande
Savoir déchiffrer les cadences
De ce réel frelaté
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
13. SOUVENIRS D'ENFANCE (3)
Quelque fête se préparait
À laquelle je n’étais pas convié
Des chœurs scandés par la foule
Les mythes de caravansérail se brisant
Sur les rebords d’un siècle à son comble
Toute la foule transie par quelque prêche
Notre foule lémurienne
Dans son étrange danse réversible
Se gonflant mimétique
Les rapines des diseurs de torts bien vite oubliées
C’est par bateaux entiers que l’on déversait les sacs de croyances étrangères qui laissaient les yeux pris et les bouches amères
À nouveau le banal m’engloutissait et je suais de tout mon être entre ces mains qui dévoraient mon rêve
« Partout où il y aura des hommes… »
La foule me ramenait à ses transes
Puis me tournait les talons
Reculée au fond de moi-même
La poésie m’était arrachée
Comme une taie morte.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
14. SOUVENIRS D'ENFANCE (2)
C’était
Poudrée de bleu
L’heure parée pour de plus vastes écritures
Et nous allions
Caducs encore des écorces de l’enfance
Gorgés d’un jus de carambole à la saveur d’étoile
Je descendais dans les clameurs du fleuve
Comme un pagayeur mis à mal
Le plat de ma rame attentif au limon du fleuve
Comme papille d’une langue d’eau saumâtre
Tout le corps en cadence
Je plongeais tout entier
Dans les remous du MONDE
Oui nous étions les limoneurs de ce pays de glaise
Juvéniles et féroces
Emplis du mythe de nos pères – Déjà nostalgiques
Avant que d’être nés !
Inventeurs d’âges d’or de rechange
D’âges d’or nouveau-nés
Dans nos jardins caniculaires
S’harnachaient les guerriers du mot
Et sous mes yeux de jeune noble désœuvré
Se dessillaient leurs regards calcaires...
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
14. SOUVENIRS D'ENFANCE (1)
En ces temps de pleurs salis d’enfance
De sources parcheminées
Nous allions revêtus de notre seul poème
Et nous marchions en compagnie des chiens
Avec pour toute demeure leurs regards calcaires
Il nous fallait régir l’ordre des larmes
Parfaire la gésine de nos mots
Et nous allions avec le goût des dunes
L’éclat pourvoyait
Il convenait de ne pas rudoyer
Les regards croisés en chemin
Il faisait étonnamment lourd
Nous n’avions pas appris à dévêtir la nuit
Il nous fallait l’attraper au cou
Avant qu’elle ne se sauve
C’était l’heure tangente
Dans le fracas des berges
Les feux de position et l’ombre festoyante
Et les bruits de couverts dans quelque maisonnée...
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
13. EN TERRITOIRE ENNEMI (2)
Les regards oppressés
La destination incertaine
Les cris des marchands
Dans cette obstination sonore
Toujours la même dans l’ébranlement collectif
Dans cette boue humaine de la ville
J’aime à saisir à pleines mains les tissus
Dans le toucher des tissus je retrouve un peu d’Elle
La soie de Son corps
Souvent je croise la même femme
Il fait un vent d’hiver austral
On dirait qu’elle attend quelque chose
Et dernièrement son visage s’est fermé
Il est de loin en loin comme une odeur de foudre
Et pourtant tout est lisse
Quand les regards ont levé l’ancre
On sait qu’il s’est dit quelque chose
Et que l’on est désormais
En territoire ENNEMI
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
13. EN TERRITOIRE ENNEMI (1)
La tristesse était descendue comme une brume Implacable sur la pierre noire des salines
Partout dans le pays les grandes poojas
Dressaient leurs langues de ferveur
Le sel en plaques épaisses sur nos mémoires
Nous traversions dans la chaleur amère
Ce ciel impur sali supplémentaire
Bien après les affrontements
Bien après les poisons tenaces
De la raison d’Etat
Le lustre des lâchetés sur le manteau usé de la gloire
Un tropique amer emprisonne la fleur du frangipanier
Dans ses habits de fête
Cette chaleur d’avant la pluie
Ensuite c’est la ville
La profusion des tissus
L’instant qui s’écoule
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
12. PEUPLE DESERTIQUE (3)
Comme une épouse répudiée tord sa chevelure de douleur d
Dans l’antre calciné
Mémoire de suie et d’angles à revers de paupières
Pour mon peuple en PARTANCE
En partance pour nulle part
Ni fioritures ni cratères
Ni reçus des prêteurs de désert
On s’en remet aux façades des temples
On promène les reliquaires
Ce sera grande solitude ou tapage en les demeures
Et toujours le tranchant des épées saboteuses
Aux bouches des déesses suppliciées et sans fards
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
12. PEUPLE DÉSERTIQUE (2)
Là-bas ce sont les clameurs
Les officiants de l’innommable
J’ai vu j’ai évité les grèves
Les pleureuses sauvages
Le cœur des sensitives
Alimenté un hiver d’étamine
Cet hiver-là
Parousies inachevées de dieux morts
De soleils incendiés
Un fleuve s’ensablait dans sa brume
Comme un monde poli de pétrels bleus
Foudroyant ce morne de morne mémoire
Soupirantes qui naissent
À l’ombre des temples
Leurs ailes tuméfiées dans la glaise
Combien iront médire
Cracher leurs crachats de fortune
À la face bleuie des Sangomas
Je revois là-bas dans le bruit des frégates
Les ailes repliées les voiles hirsutes
Les lombes des chats sauvages
Pour amender dans l’épaisseur des tempes
Le battement des cordillères
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
12. PEUPLE DÉSERTIQUE (1)
Je promenais mon verbe épuisé entre les remparts
Ô que ma ville est furtive
Ma race est close
Motifs d’oies peints
Entre les miroirs des bonzes absentés
Petites lueurs de l’aube
Rompues à tous les combats
Autour des grands shivalas de pierre
Les décombres d’une mer qui s’écroule
Des corps qui se réchauffent aux pliures des temples
Sous une pluie de mousson
Je les revois
Les Bruiteurs du soupir
Relevant la chevelure des répudiées
Tressant avec le crin du cheval des steppes
Un déglutir sauvage
Ils tiennent des comptes de civilisation
Lente remontée vers la mer puis caravanes
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
11. LES PORTEURS DE REVOLTE
Le Porteur de Révolte
Tient dans sa poigne de poète
Une révolte jeune
Et dure
Et dirigée
Ces jeunes Porteurs de Révolte
Ils se lèvent de toutes parts à travers la Lémurie
Ils seront bien vite écrasés
Ou remplacés par d’autres
À travers la Lémurie fardée et meurtrie
Dans ses atours politiques
Leurs élans seront tièdes
Et leur verbe parlera plus haut que leur poing
La Lémurie se meurt de ses bûchers
Car ici chacun élève un bûcher
Pour son prochain
Puis l’invite à y monter
Dans la profusion des colliers de fleurs.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
10. FEMININ CREATEUR (2)
La Femme
Morcelée
Continentalisée
Par ce désir de race
La Femme n’est plus une île
Cette femme au goût de mangue mûre
Dont la chair écrasée
Rougit le talon des chasseurs
L’héroïne s’était dressée
Avait elle aussi le goût des simulacres
S’était parée elle aussi des attributs du Reconnaissable
La Grande Devi au pelage fauve
Déserteuse du climat en ses voiles choisis
Par quels chemins de montagne s’en est-elle
Retournée à la nuit
La Contemplée suprême
Dans ses habits de transe
Dans la lapidation des solstices
Elle qui toujours vêtue des tissus les plus fins
Marche pied nu dans mes poèmes...
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
10. FÉMININ CRÉATEUR (1)
Censure ou interdit
Quel corps as-tu enjambé
En cette nuit d’arrimage
Quand on a mutilé la créature ?
Le FEMININ se meurt
Au fond des bouges
De quelque port d’escale
Ou dans les fosses d’aisance
Du patriarcat
Avec aux yeux toute cette poussière d’étoile
Ô la femme sur les cartographies sommaires
Du patriarcat
Les porteurs de préceptes
L’intime intimant
Quand l’Éblouie dénatta-t-elle ses cheveux
Sur le passage du Désirant ?
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
9. LE SARI DES TEMPS RÉVOLUS
Il faut avoir la patience
De laisser le chien renifler
Pour celui qui comparaîtra demain
Au tribunal des hommes
« Que je Te nomme vestige connu de moi seul
Que je Te porte vêtement froissé par moi seul »
Retourne la peau des mots
Recherche Son nom
Dans l’intérieur de ta chair
Que survînt la Grande Épreuve
Que survînt Kannagi
Que survînt la mer
Moi le Gardien des Horizons
Enroulais à nouveau
Le sari des temps révolus
Repliais un à un
Les mythes de création.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
8. LES RACES NAUFRAGEES
Regardez-les ces races naufragées
Les enfants de la Lémurie perdue
Ils savent entrouvrir des abîmes
Et couvrir d’hématomes la peau de la terre
Et leur avis change plus vite
Que les mauvais vents d’alizé
Le sang de leurs veines
Se muait en une eau de papaye claire
Ils tenaient fort à leurs différences factices
Des religions épaisses
Suintaient de leurs branchies
La Révélation se vendait à bon marché
À la porte des temples
Il convenait de célébrer toutes les fêtes
La folie efficace
Des offrandes politiques
Ô fins de race de Lémurie
Entre les murs du SANGAM ébahi
4449 poètes mis à mort par les eaux.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
7. LA GRANDE EPREUVE
Lorsque la Grande Épreuve
Aura séparé la race humaine
Comme le peigne sépare en deux pans
La chevelure
Viendra le règne des Ordonnateurs
Des Évaluateurs
Des Jardiniers de Valeurs
Qui cultivent cette broussaille avec plus de tendresse
Que des fleurs d'orchidée
Et ils installeront leurs nations atrophiées
Sur la ruine des empires
Ils deviendront des hommes-récifs
Tournant le dos à la mer
Et quand l’écroulement de ce monde
Ne laissera plus qu’un limon acide
Sur le fond des mers
La nostalgie d’une race de géants
La face lugubre des poussières
Et qu’un roi jaloux emportera en grand secret
Quelque fragment du Manuscrit
Je serai cet EDIFICE qui perdure
Dans vos mémoires
Fragment de peau
Contre face de terre
La peau de cabri du Kandam
Dans le tympan du monde
Moi l’Interprète des Horizons
Celui qui arrache ses voiles
Au monde du Mélange
Faut-il que mon œuvre survive
Par la grâce d’un roi voleur aimant les belles lettres
Moi le dernier des 4449 poètes de Kapatapuram
Ne me rangez pas du côté des prophètes
Je ne suis pas de leur lignée
Témoin de Lémurie
J’aurai sombré avec elle
Et que m’importe que mon nom se perde
Entre les sables de l’époque
Si la source de mon témoignage
Coule encore.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
6. LA GRANDE NUIT
Le tsunami raclait le fond des océans
Charriant une boue couleur safran
Le sceau du Pouce
Sur vos fronts de dogmatiques
Je suis venu te dire
De ne pas attendre
Je suis venu te dire
Que la Grande Nuit commence
Que 8000 ans te séparent de ta tombe
Que les continents renversés sur le rebord du monde
Ne sont pas accident
Je suis venu te dire ce que la Grande Nuit emporte
Tu me regardes avec terreur
On dirait que tu ne me reconnais pas
Je suis venu te dire de ne plus m’aimer
Je vais m’écouler comme du sable
Entre les doigts de la vague
Les races merveilleuses qui couraient
Sur les hauts plateaux sont parties
Ne laissant que des vestiges
Échoués à nos portes
Dans les encombrements d’une cité dévorée
Par ses ordures
Dans ces grands catafalques de mémoire
Alignés face au large
La nuit est ici désormais
Plantée droite
Propice à la montée des grandes eaux
Qu’il ne reste à l’intérieur de toi
Que la mer
Toi qui dois comparaître demain
Au tribunal des hommes.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
5. LA PROPHÉTIE
Prends garde
Au Dieu préfabriqué
Dispensant ses Révélations de masse
Les versets
À l’étroit dans la chair
En toi
L’intransigeance de la Révélation
Comme le plus beau des aciers
Suivez cette vie entre tous les récifs
Entre les récifs du savoir. Du falsificateur
Clinquant des savoirs
Votre pulsation sur la peau de cabri du tambour
Du monde
Révélation du Gardien des Horizons :
Ce sari déroulé dans tes mains
C’est le motif tissé de mémoire
Baigné au fleuve des Reines
C’est l’étoffe préfigurée
Qui ne préjuge d’aucun destin.
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
4. L’ÎLE
L’Île agit par imprégnation
Des déesses aux bras multiples quittent leurs temples
Et entrent
Dans la CHAIR
Je fus le témoin de Sa chute
Jour après jour je La vis
La regardais s’éteindre
Elle
M’avait accompagné
M’avait suivi partout. Elle dormait sur ma main. Était devenue elle-même Horizon
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
3. LE GARDIEN DES HORIZONS
La lézarde pousse entre les murs de coton
Comme un gant ajusté à Son poing de mer
De larges constructions nous barrent l'accès
Au CIEL
Il nous faut des poètes pour nous dire joliment
Les choses banales
Mais moi
J’ai mangé de cet arbuste chronophage
Puis j’ai atteint l'état de transparence
Au fond des lacs fuligineux
Gardien des horizons
Que je déroule sans fin comme de longs saris
Je suis le Gardien des Horizons
Et de ma blessure s’écoule
La douce contigüité
Des êtres
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
2. LA QUÊTE ÉCHOUÉE
Pieds nus dans la vitrine
Elle ajustait les plis d’un sari brodé
De pluie et d’étoiles
Moi
J'étais à la recherche du Dieu noir
Mon peuple
Mon peuple de toujours qui plonge ses racines
Et sa sueur dans le toujours de mon être
Déjà ce sont d'autres durées
À l’intérieur de ma tête
Le poème lave à grande EAU
À l’intérieur de moi
J’étais sur un chemin de quête
Mais où, mais quand
La bifurcation m’a-t-elle saisi de ses mains blêmes
M’a-t-elle arraché à l’emprise des vents
Pour me jeter sur le macadam cramoisi de la ville ?
Je ne garde que quelques mots
Je chasse tous les autres
Comme poussières de farine
Sur l'établi de bois du dormeur
Je fus le Gardien des Horizons
Maintenant exilé
Entre les murs liquides
D'une ÎLE
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
1. DÉPART DE LÉMURIE
En ces temps-là
J’allais quitter une Lémurie déchirée
L’Île toute entière sabordée
Mais la Lémurie s’était refermée sur moi
Comme une grosse orchidée vénéneuse...
© Catherine Boudet, Journal du Gardien des Horizons, L’Harmattan (2015)
Chers lecteurs, je vous propose à partir d'aujourd'hui une suite d'extraits de mon recueil, le Journal du Gardien des Horizons, un mythopoème inspiré du Kumari Kandam et de la Lémurie.
Ce texte est un récit visionnaire qui m'a été inspiré par la voix prophétique d'un mystérieux dignitaire de la ville de Kapatapuram, qui relate dans son journal les derniers jours du Kumari Kandam avant le kadatkol, le tsunami. A-t-il existé ? On ne sait rien de lui, sinon qu'il était un noble de haute caste, titulaire de la prestigieuse charge de "Gardien des Horizons", qui semble avoir été de nature davantage spirituelle que nobiliaire.
Son récit nous transporte dans la nuit du sangam, juste avant la Grande Epreuve, mais nous livre aussi une vision politico-poétique des réalités sociales et politiques de l'île Maurice contemporaine. Car ne sommes-nous pas les héritiers de ce continent disparu que certains ont aussi appelé la Lémurie ?
Chers lecteurs, je vous invite à embarquer pour un voyage mythopoétique au coeur du mystérieux continent du Kumari Kandam, avec une suite d'extraits de mon recueil, Le Journal du Gardien des Horizons.
Dans ce Journal disparu et retrouvé par des archéologues, le Gardien des Horizons, un prêtre et haut dignitaire de la dynastie des Pandyas retrace les derniers jours du sangam avant son engloutissement par le tsunami dévastateur. La préservation du manuscrit est dûe au roi Pandya qui, ayant condamné à mort le prêtre pour avoir prophétisé le tsunami, avait confisqué le manuscrit avant de jeter son auteur en prison.
Son témoignage à la fois politique et mystique, est traversé par la figure hiératique de la grande Devi, dont l'identité se dévoile progressivement au fil du récit.
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Journal du Gardien des Horizons
Au treizième mois de l’année des Inappréciables Découvertes, une équipe de paléontologues mauriciens et indiens déterrait, sur le champ de fouilles d’un site funéraire du Tamil Nadu, aux abords de la rivière Kumari, une jarre de terre contenant des rouleaux de parchemin reliés de cuir. Ils venaient de faire l’une des plus extraordinaires découvertes de l’histoire archéologique sur la civilisation du Kumari Kandam.
Dans un état de conservation variable, ces feuillets d’un codex de 1156 pages sont écrits en lémurien, une langue appartenant à la famille des langues dravidiennes. Le manuscrit, baptisé Codex Lemuria, daterait d’environ 1500 ans avant Jésus Christ.
Le Kumari Kandam, berceau de la civilisation dravidienne, qui disparut submergé par un tsunami, correspond géographiquement en partie à l’actuel Tamil Nadu. Le Kumari Kandam a souvent été assimilé à la Lémurie, continent mythique disparu du Sud de l’océan Indien, et dont l’île Maurice actuelle aurait été le nexus, d’où le nom de Codex Lemuria donné au manuscrit. Le Journal du Gardien des Horizons est une compilation des textes les mieux conservés du codex.
Il aurait été rédigé par un haut dignitaire de Kapatapuram, cité mythique qui hébergeait une célèbre académie de poètes, ou sangam. Kapatapuram était également la capitale du royaume de la dynastie des Pandyas.
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